Bruno:
Tu te souviens de cette époque où il suffisait d'avoir un laptop, un profil malte et un peu de tchatch pour choper une mission à 700 balles la journée ? Cette époque où freelance rimait avec liberté, finance et opportunité à gogo, c'est un peu fini. Aujourd'hui, t'as beau savoir faire du REAC, du Terraform, du Café Filtre, t'es en compétition malgré tout avec 200 autres développeurs et développeuses pour le même poste chez Usign. Mais alors, est-ce que l'âge d'or du freelancing est vraiment terminé ? Est-ce qu'on peut encore vivre de son code sans vendre son âme ou faire des vidéos LinkedIn en forêt ? Et surtout, sans IA dans ta stack, est-ce que tu ne risques pas de finir comme un vieux prompt, mal écrit, ignoré, incompris et foutu dehors ? Pour répondre à ces questions de réalignement, je ne reçois pas Nostradamus, mais il s'y connaît en prédiction. Benoît, bonjour.
Benoit:
Salut.
Bruno:
Alors Benoît, est-ce que tu pourrais te présenter pour les quelques personnes qui ne te connaîtraient peut-être pas ?
Benoit:
Écoute, Benoît, artisan développeur, dans ce que j'ai pu faire, probablement l'élément le plus visible, c'est le podcast que j'anime depuis quelques années maintenant. Au quotidien, je suis freelance manager, donc ce qu'on appelle manager transition. J'aide les boîtes qui ont des besoins de management transitoire. Et j'ai aussi toute une activité autour du freelancing avec le Cercle Tech, qui est un parcours d'accompagnement pour les freelancers qui veulent devenir vraiment indépendants.
Bruno:
Ce que je trouve toujours très beau dans ta présentation quand tu te présentes en tant qu'artisan développeur c'est que du coup tu transmets ce côté très artisanal, du métier tu te souviens peut-être mais j'avais fait une série d'épisodes artisan ou artiste et t'étais venu faire, la conclusion ça reste moi des discussions que je réutilise régulièrement dans l'illustration, de différents propos parce que je trouve effectivement qu'on a un métier qui est très très très ambivalent et dans cette présentation que tu as de toi, je retrouve toujours ce côté très, artisanal et je trouve ça beau donc j'ai envie de le souligner. C'est un truc que tu gardes, ce côté très artisan, même si aujourd'hui tu fais du management de transition ?
Benoit:
Je pense que ça me caractérise. Si tu le perçois, c'est que ça doit quelque part transpirer à l'insu de mon plein gré.
Bruno:
Donc effectivement, avec Artisan Développeur et Le Cercle, tu as accompagné beaucoup de freelancers à travers les âges.
Benoit:
Surtout beaucoup de devs et pas mal de freelancers. Ok.
Bruno:
Et effectivement, on voit un contexte de marché qui est un petit peu différent. On a sous-titré cet épisode « Fin de l'âge d'or ». Est-ce que pour toi, c'est vraiment une fin d'âge d'or ? C'est une période un peu plus difficile ? Comment est-ce que tu décrirais le contexte dans lequel on est actuellement ?
Benoit:
Pour moi, c'est clairement un âge d'or. L'âge d'or, on va le redéfinir si tu veux. C'est ce moment où on a eu pendant 20 ans, 25 ans, un métier qui était extrêmement prisé, un métier qui générait beaucoup de valeur. Moi, je voyais des jeunes parfois ne pas réaliser ça. Même moi, j'avais du mal parfois à réaliser. Il a fallu que je me rapproche, par exemple, du milieu paysan pour me rendre compte de ce que ça fait. Une journée de travail à 700 euros, combien il faut en faire de production de vivants qui va nourrir des gens, c'est juste incroyable. Par rapport à l'industrie, où j'avais un ami qui était DG dans une boîte, il faisait gagner beaucoup d'argent à sa boîte et il facturait 600 jours, je pense qu'on a été déconnecté d'une espèce de réalité et que la réalité est en train de nous rattraper tout simplement parce que le marché a changé en fait.
Bruno:
Et donc tu vois ça plus comme un retour à la normale ou à une forme de normalité, plus qu'un renversement de tendance.
Benoit:
Je ne sais pas si on peut définir une normalité. Ce que je pense, c'est que ce qu'on a connu est terminé. Et ça fait quelques temps déjà, je crois que j'avais intitulé un épisode « La fin d'un âge d'or, point d'interrogation ». Pour moi, il n'y a plus de point d'interrogation. À la rigueur, s'il n'y avait que les enjeux économiques, on pourrait dire « ça va revenir, c'est une vague, ça va revenir ». On le sent là que d'ailleurs, ça revient tout doucement. Mais structurellement, il y a un petit truc qui s'appelle l'IA, et qui changent tout en fait.
Bruno:
Effectivement, on voit depuis fin 2023, début 2024, enfin je veux dire peut-être même fin 2023, début 2022, on voit depuis quelques temps effectivement le marché qui petit à petit se retourne, se contracte, se resserre. On a évoqué pendant un moment que c'était un rééquilibrage suite à une période Covid, où il y avait eu un besoin en digitalisation extrêmement fort qui avait amené beaucoup de recrutements dans le monde de la tech et qu'en fait on avait vu les GAFAM licencier massivement, on avait supposé que c'était peut-être juste un rééquilibrage pour compenser la folie des années Covid.
Benoit:
Je pense qu'il y a eu ce rééquilibrage et notamment parce que les capitaux se sont réalloués les grands capitaux d'investisseurs mais encore une fois, il y a un double effet qui se coule, qui s'appelle l'IA aujourd'hui, moi je vois encore des discussions sur l'IA, sur la comment ça va nous impacter, ça va prendre notre job ou pas c'est pas le sujet en fait, ça change considérablement les choses tu.
Bruno:
Penses là que toi le retournement qu'on voit aujourd'hui c'est du fait qu'il y a des développeurs et des développeuses qui sont entre guillemets remplacés par des IA ou par des développeurs et développeuses qui utilisent ces outils je.
Benoit:
Pense qu'il y a eu ce mouvement de rééquilibrage dont tu parles apparemment ça a l'air de ressembler à quelque chose comme ça sauf que maintenant on se prend une deuxième vague c'est à dire qu'il n'y aurait pas eu le Covid il n'y aurait pas eu tout ça, il y aurait eu juste l'IA ça aurait eu à mon avis le même effet. Le post-Covid il y a quand même eu un truc il y a quand même quelque chose qui est en train de changer de manière radicale, en tout cas moi je viens plutôt du milieu de l'innovation tout ce qui est milieu startup, scalable et tout comme ça, dans ces boîtes là il y avait quand même une course folle à la dépense, à la levée et à la dépense, et si tu regardes bien aujourd'hui le mot d'ordre c'est rentabilité, on est revenu dans des dans des clous un peu plus classiques de ce que c'est une entreprise et puis cette espèce de course à la valorisation, en pensant un jour faire un exit maintenant de plus en plus on regarde la rentabilité et la croissance, les deux sont regardés et, ça change complètement la donne en fait parce qu'il y a plus, cette logique de dépenser à foison, Le marché se rééquilibre en termes d'offres et de demandes. Après, c'est un marché, c'est très simple. Quand il y a beaucoup de demandes et peu d'offres, si tu détiens l'offre, tu es le roi du pétrole. Et là, c'est juste que le marché est inversé. C'est-à-dire qu'il y a beaucoup plus d'offres que ce qu'il y a de demandes. La demande a chuté. Et ce n'est pas sûr qu'elles repartent quand l'économie va repartir, parce que justement, il y a cet effet de compensation par l'IA. Moi, quand je discute avec certaines boîtes aujourd'hui, des scale-ups ou des boîtes qui ont des plans de recrutement importants. La question, il n'y a pas plus tard que midi, je suis allé manger avec un CTO, la question qui se posait, c'était, bon, on va virer personne, mais est-ce qu'on va continuer à recruter ?
Bruno:
Est-ce que c'est parce que les IA génératives permettent de générer du code et donc de rendre chaque individu plus productif ? Et donc, c'est ce qui fait que les équipes n'ont pas plus la nécessité à grandir. Ou est-ce que c'est que l'IA permet en fait une explosion en termes de compétences et de capacités, et que du coup au final on peut plus rapidement et plus facilement créer des features qui vont utiliser l'IA d'une manière ou d'une autre, pas sur la génération de code mais en tant que fonctionnalité ?
Benoit:
Oui, pour moi c'est vraiment l'effet le plus marquant, c'est le premier. C'est que ça améliore considérablement ta capacité à faire en fait. Mais c'est comme, pour moi c'est une révolution, certains la comparent à internet, je pense que c'est encore sous-estimer le truc. A la rigueur, dans notre industrie, ça serait plus le passage de la carte perforée au PC en fait, au personnel computer. Je pense qu'il n'y a pas grand monde des auditeurs qui a connu ça, moi-même j'ai pas connu ça. J'ai interviewé une fois une personne qui avait connu ça, et qui a connu ce passage. Qui a démarré sa carrière en tant que professionnel, il faisait des trous dans des cartes. Donc je sais pas si tu imagines ce que ça veut dire dire que tu as écrit ton code sur du papier, tu l'as écrit en assembleur et à la fin ce que tu produis c'est du binaire où tu viens faire des trous dans une foutue carte que tu passes dans une machine, et le lendemain tu as le résultat de ton exécution c'est comme si tu pouvais faire un build par jour, et que tu avais le résultat le lendemain et.
Bruno:
Puis un build c'est un petit build c'est à dire que comparativement t'as.
Benoit:
Qu'à passer de.
Bruno:
Journée de build de la journée, c'est ta capacité à faire des trous.
Benoit:
Et t'as pas intérêt à te rater. Quand tu sais qu'un humain, il a à peu près 5% de taux d'erreur, sur 100 trous, t'as peut-être fait 5 fois. Tu peux pas, en fait.
Bruno:
Petite anecdote, est-ce que tu sais que c'est de là que vient le terme patch ?
Benoit:
Patch, c'est-à-dire ?
Bruno:
Term patch, c'est quand tu corriges un logiciel.
Benoit:
Mais non.
Bruno:
Parce qu'en fait, à l'époque, sur les cartes à trous, quand tu faisais un trou de trop, il fallait que tu couses un petit bout de papier sur le truc. Donc c'était un patch.
Benoit:
C'était un patch énorme. et.
Bruno:
Donc ça vient de là en fait la correction quand on applique un patch c'est qu'en fait.
Benoit:
Avant on appliquait un patch sur un trou c'est excellent et t'imagines ce passage où on passe d'un outil où tu as du feedback en 24h aujourd'hui ça fait rire tu l'as en 5 secondes, d'une seconde je pense qu'on est sur ce genre de, changement d'échelle exactement c'est ça, de changement d'échelle et puis là on parle moi maintenant dès que je parle d'IA j'essaie de donner une date aujourd'hui on est en avril 2025, comment ça va évoluer dans 6 mois quand tu écoutes, les têtes de chez OpenAI et compagnie tu expliques que dans quelques mois c'est plus 90% du code qui va être fait automatiquement c'est quasiment 100% alors.
Bruno:
Là malgré tout la semaine dernière ou cette semaine Sam Altman cofondateur d'OpenAI, a écrit un truc en disant que a priori les développeurs ne seraient pas remplacés par l'IA finalement mais remplacés par des développeurs qui savent utiliser l'IA parce qu'en fait il y a encore trop de.
Benoit:
Il y a un manque de fiabilité ça me paraît assez évident pour moi c'est évident qu'on sera pas complètement remplacés, Par contre, celui qui prendra ton job de dev, c'est un dev qui fait de l'IA, qui utilise l'IA, clairement. Vraiment, s'il y a un auditeur qui n'a pas aujourd'hui utilisé un cursor ou qui ne l'utilise pas au quotidien, il faut qu'il se pose des questions. Parce qu'un jour, c'est quelqu'un qui va l'utiliser, qui prendra sa place, parce que le gars sera capable de travailler deux, trois, quatre fois plus vite, au-delà de la vitesse, de faire quelque chose de bien meilleure qualité. C'est juste incomparable le game, et aujourd'hui ceux qui sont freelance, t'as une poche de valeur alors qu'il est temporaire, mais qui est énorme à aller chercher parce que le marché reste encore sur des usages et des standards de prix de coûts, de charges de travail qui sont sur les anciens, référentiels si aujourd'hui t'arrives je l'ai vu plusieurs fois et je pense que pour moi ça me paraît être un minimum de ce que j'ai pu jouer avec l'IA, il y en a qui te parlent d'un facteur 2, donc aujourd'hui en vrai si tu as un TJ à 600 qui est aujourd'hui très très bien en vrai, selon ton business model tu peux monter à 1200 quoi en fait.
Bruno:
Parce qu'en fait, là, on parle effectivement beaucoup de génération de code. J'essaie de formuler ma question. On a vu, il y a quelques semaines, il y a un gars qui a fait un buzz fou sur LinkedIn, Twitter et compagnie parce qu'il a annoncé qu'il n'était pas développeur et qu'il avait créé une app. Je crois que c'était avec Cursor ou avec ChatGPT. Qu'il avait créé tout un service c'est qu'il mettait ça en ligne et que ça marchait très bien et que ça montrait qu'en fait le métier de développeur ou développeuse n'avait plus lieu d'être parce qu'en fait n'importe qui pouvait le faire, donc il a mis ça en pro avec beaucoup de fierté c'était très joli sauf que je crois qu'en quelques heures en fait il s'est fait défoncer il s'est fait défoncer de tous les côtés parce que ses accès API n'étaient pas verrouillés enfin tu vois je crois qu'il a eu une facture, sur je ne sais pas quel prestataire qui a flambé en quelques minutes donc il s'est fait défoncer de tous les côtés et au final il a fait un rollback en disant bon, en fait oh là là il y a des gens méchants sur internet ça marche mais ça marche pas pour tout le monde et ça montre bien qu'effectivement, ça fait baisser la barre à l'entrée mais ça nécessite quand même de connaître ce métier là.
Benoit:
Ça nécessite de le connaître et ça pose une vraie question c'est que pour piloter l'IA il faut savoir faire pour savoir ce que tu attends en tout cas pour l'instant, et ce que tu évoques sur ce gars-là, moi ça m'a amusé parce qu'on sent qu'il y a un espèce d'esprit de revanche de la part de, toute cette population qui ne connaît pas et qui dépend de développeurs qui retrousse leur moche en disant ah ouais tu vas voir je vais prendre une espèce de revanche sur vous bon ils se font éclater, mais si tu regardes bien en vérité par rapport à avant, Là où, s'il voulait faire les choses de manière carré, pro, il aurait recruté une équipe d'une, deux, trois, quatre personnes. En fait, aujourd'hui, une personne qui sait bien faire et qui sait utiliser l'IA, il te fait un truc très bien. Donc, le sujet, ce n'est pas est-ce qu'on va ne plus avoir de travail. C'est là où avant, il y avait la place de trois, quatre développeurs. Aujourd'hui, un seul suffit. Mais en même temps, tu peux aussi voir le truc de dire. Oui, mais peut-être que ce projet n'aurait jamais vu le jour et qu'aujourd'hui, il peut voir le jour. Parce qu'on baisse la barrière à l'entrée donc ça veut dire aussi plus d'innovation, plus d'opportunités, et la grande question c'est est-ce qu'au final, il y aura autant de créations de richesses ou moins parce que si finalement, il y a beaucoup plus d'innovations qui sortent et qu'il suffit peut-être d'une poignée développeurs mais qu'il y en a beaucoup plus qui pop du coup parce que les coûts ont baissé, du moment que tout le monde a un travail c'est ok ouais, et ça on n'en sait rien la question.
Bruno:
C'est est-ce que le gâteau va grossir.
Benoit:
Ou est-ce qu'il va se rétrécir.
Bruno:
Ou en tout cas rester pareil mais avec plus de gens qui en mangent.
Benoit:
Et t'as quand même un gros historique dans l'histoire où quand les innovations, arrivent, le gâteau grossit en fait là on sent quand même qu'il y a un effet d'échelle qui fout un peu la trouille parce que l'effet d'échelle est quand même assez violent mais où est-ce qu'on va aller ?
Bruno:
Sur cet usage de l'IA que t'évoques, sur ce que ça apporte au métier de développeur sur son quotidien, ça m'inspire deux questions la première c'est que comme tu l'as dit, ça nécessite de connaître le métier pour pouvoir bien prompter ton IA et faire en sorte que ça fonctionne et que ça part pas dans tous les sens et que ça reste quelque chose de stable et de fiable, il y a une question que je vois beaucoup popper à laquelle j'ai pas toujours la même réponse que je sais pas toujours vraiment quoi répondre c'est mais comment on va faire pour apprendre le métier ah.
Benoit:
Mais ça c'est une vraie question.
Bruno:
Si on a ces outils là à disposition tout le temps.
Benoit:
C'est une vraie question, ce qui est ouf avec ces outils c'est qu'ils sont d'excellents profs aussi, Et du coup, est-ce qu'ils peuvent t'apprendre ça ? J'ai envie de te dire probablement, mais, cette finesse de compréhension de ce qui se passe, de... que tu as, tu sais, l'adage, c'est en forgeant que tu deviens forgeron, c'est sûr que tu l'auras moins, mais la question c'est, est-ce que tu en auras besoin en fait ?
Bruno:
La question effectivement c'est, est-ce que tu peux apprendre à compter avec une calculatrice ? Est-ce que tu peux apprendre à maîtriser une division, une subtraction, multiplication, si on te fait une calculatrice et que tu fais tous tes calculs avec. J'ai envie de dire que oui, mais en même temps...
Benoit:
Pas vraiment, mais la différence, la limite de ton analogie, c'est que la calculatrice elle fait une fonction, là l'AI elle est capable de t'expliquer comment utiliser la calculatrice et comment compter.
Bruno:
Alors dans une certaine mesure. Je prends un exemple qui est très proche. En ce moment, je suis en train de terminer une série de cours à l'école polytechnique et dans ce contexte-là, on doit créer un projet. Donc j'ai commencé comme je suis le seul développeur de l'équipe j'aurais dit vous inquiétez pas mon équipe c'est mon truc parmi l'équipe il y a quelqu'un, qui fait partie d'un grand groupe industriel français qui croit au projet et qui nous a mis à disposition un environnement WS pour qu'on puisse développer le projet donc moi j'ai dit bah cool en fait, c'est vrai je suis développeur depuis longtemps je maîtrise le truc je vais me prendre un petit chat GPT et puis je vais demander de me faire des fichiers Terraform pour développer pour déployer mon infra sur AWS je sais ce que je veux je veux des lambdas j'ai une base de données, je veux mon service, machin, compagnie et bah crois-le ou non, en 3 jours j'ai pas réussi à faire tourner le moindre truc en environnement WS parce qu'en fait, je trouve qu'il y a un niveau de complexité qui est tel qu'en fait c'est devenu tellement loin de mon métier que juste j'allais péter, je disais là ça marche pas, là y'a ça qui marche pas je comprends pas pourquoi y'a plus ça, pourquoi y'a ça, machin et en fait, au bout d'un moment, j'ai dit à mes camarades, j'ai dit en fait on va le faire en local sur ma machine et on verra plus tard avec des vrais spécialistes pour le passage d'enclat mais.
Benoit:
Ce que tu dis, c'est vrai à l'instant T en fait, et probablement vu les progrès que ça a fait, notamment avec toutes ces questions d'agent, dans quelques mois ça sera différent. Mais en tout cas pour l'instant on a encore un rôle important à jouer, et à quelle vitesse ça va aller on sait pas, parce que les gars qui bossent dans ces boîtes là forcément essayent de vendre leurs produits et de se placer, de se positionner. La réalité on verra bien, on voit bien qu'il y a quand même des limites qui s'imposent à eux, des limites physiques en fait parce que tout ça c'est virtuel mais à un moment donné ça tourne sur des serveurs physiques, ça pose des questions sur l'approvisionnement en énergie en puces, la fabrication de ces puces, quand tu sais que le savoir est condensé dans une toute petite île qui cristallise 2-3 problèmes géopolitiques. On sait pas où ça va aller en vrai en tout cas aujourd'hui cette question là elle me touche particulièrement j'ai mon fils, mon aîné qui est à 42, il démarre là c'est sa première année, et je me pose cette question de lui dire est-ce que c'était vraiment une bonne idée de le laisser aller là-bas de faire comme papa il a une vraie passion pour ça donc je me dis il s'en sortira toujours parce que je pense qu'il y aura toujours du travail là-dedans, mais je lui dis mon gars t'as intérêt à t'accrocher parce que ce que t'as connu en me voyant faire ça existe plus dès maintenant t'as intérêt à te bouger le cul à faire des projets perso parce que quand tu vas être en recherche de stage dans un an ou deux, le monde aura changé et tu vas être en compétition avec trop de monde donc il va falloir que tu sortes du lot.
Bruno:
Il y a un changement et une vitesse de changement je partage ton point de vue entre le moment où tu commences tes études et le moment où tu vas acheter ton premier stage.
Benoit:
C'est déjà.
Bruno:
Depuis le même moment. Moi déjà aujourd'hui quelqu'un qui sort d'école je lui dirais écoute je crois que tu vas chercher un travail dans un monde que je ne connais pas parce que je suis déjà un ancien, mais potentiellement même lui ne connaîtra pas le même monde que celui qui va sortir 3 ans après lui dans la promotion.
Benoit:
Mais c'est évident et dans le cercle on a pas mal donc le cercle c'est dédié aux freelancers, il y a un renouvellement de mission qui se fait et cette année on a eu des gens qui n'avaient pas été au contact du marché depuis deux ans parce que la régie quand c'est bien installé c'est confortable, tu pars sur plusieurs mois un an, deux ans, les gars se retrouvent sur le marché, ils prennent une énorme claque en deux ans, et je pense que dans deux ans, c'est très difficile de dire à mon avis la compétition va être rude après comme cette compétition est dur, il y a un rééquilibrage qui se fait aussi, les freelances qui étaient là plus par, opportunisme, et attention pour moi l'opportunisme est connoté positivement, ils vont retourner dans le salariat et tu auras aussi moins de freelance, donc ça va aussi aider à ce qu'il y ait moins de pression, mais le métier va changer, tu vois par exemple la régie la manière de vendre son savoir-faire, déjà la régie pour moi c'est extrêmement limitant pour le freelance, mais je pense que ça a de moins en moins de sens dans un monde où ta compétence peut s'exprimer d'une manière tellement différente quand t'as un outil comme l'AI.
Bruno:
La deuxième question que j'avais sur cet usage des IA génératives pour les devs, c'est que je me demande s'il ne faut pas qu'on arrête de... C'est-à-dire que je pense qu'on est arrivé à un moment dans l'histoire de notre métier où il faut considérer que là, maintenant, en 2025, il n'y a plus de débat. Il faut utiliser une IA générative pour coder au quotidien. Et quand on fait un débat de ce qu'il faut utiliser l'IA pour un développeur ou une développeuse, c'est comment est-ce que tu utilises l'IA dans les fonctionnalités que tu développes ? Comment est-ce que tu mets un agent ? Comment est-ce que tu vas, enrichir ta fonctionnalité, ta feature, ce que tu veux, avec effectivement un peu d'iddon ? Ce n'est pas juste être utilisateur d'une IA générative, comment tu vas la mettre au service de tes utilisateurs parce que ça je trouve que c'est encore pas suffisamment ancré de, à quel moment est-ce que l'IA peut me permettre de faire des choses que je ne peux pas faire autrement.
Benoit:
Là on part dans une réflexion produit plutôt si tu vas plus loin, Si tu vas plus loin, tu peux même te poser la question de comment est-ce que je construis mon produit. C'est-à-dire au sens de, est-ce que ça fait encore du sens qu'il y ait des boutons dans mon produit ? Est-ce que ça fait encore du sens qu'il y ait l'interface que je suis en train de créer ? Est-ce que mon produit de demain, en fait, c'est pas une API que je connecte à une IA par un protocole MCP, tu vois ? Quand tu regardes, moi j'ai été assez choqué. Comment ChatGPT, du jour au lendemain en ce qui me concerne, a remplacé Google, dans le search mais du jour au lendemain le jour où ChatGPT était capable d'aller chercher des choses sur internet de les analyser, de les compiler, d'analyser mon besoin et de me faire une réponse aux petits oignons en me mettant toutes les bonnes rêves qui vont bien sans pub, dans tout ce merdier autour que tu peux, du GDPR, de toutes ces bannières, de tous toutes les pubs tous ces trucs et je me suis dit ah ouais en fait si j'étais Google je serais un peu stressé moi.
Bruno:
Je crois qu'ils le font un peu je crois que je crois qu'ils ont après.
Benoit:
Ils sont ils sont assis sur une telle montagne d'or qu'ils ont de quoi voir venir mais.
Bruno:
Waouh et est-ce que t'as identifié est-ce qu'il y a encore des recherches que tu vas faire sur Google parce que tu sais que à.
Benoit:
Chaque fois maintenant à chaque fois que je vais c'est déceptif.
Bruno:
Ok c'est.
Benoit:
Ultra déceptif, non je ne vais plus sur Google en fait.
Bruno:
Si on revient à notre sujet d'origine qui est la fin de ce fameux âge d'or t'évoquais tout à l'heure effectivement des, gens qui ont été en freelance pendant un long moment et qui reviennent sur le marché du travail en recherche de mission et qui découvrent un marché qui s'est effectivement retourné, parce qu'effectivement tu disais aussi de cet eldorado du freelance qu'on a connu des gens qui partaient en freelance parce qu'en fait tu choisissais tes horaires t'étais quand même très bien payé tu pouvais le faire d'où tu voulais tu choisissais.
Benoit:
Tes horaires plus ou moins ça dépendait mais si on parle du truc qui a été hyper classique qui était de passer à la régie t'étais assimilé salarié tu n'avais pas les avantages mais par contre, Tu gagnes beaucoup plus. En fait, il y a eu une époque, peut-être que quand on regardera, on écoutera cet épisode dans 10 ans, ça fera sourire, mais il y a quand même eu une époque où tu pouvais passer du jour au lendemain un CDI freelance, ça ne changeait strictement rien à ton quotidien, si ce n'est que tu doublais ta paille à la fin du mois. Pour la faire courte. Nous, avec le Cercle, ce qu'on essaye de faire, c'est d'amener les gens qui étaient dans cette situation, ou qui le sont encore, parce qu'il y a quand même encore beaucoup de gens qui sont dans ce mode-là, à se poser des questions et à devenir vraiment entrepreneur. C'est-à-dire vraiment s'approprier cette posture de freelance et puis être dans une forme de salarié déguisé parce que je crois que ça peut être un mode de vie hyper intéressant j'ai envie de rester freelance, récemment j'ai vu passer des offres qui m'ont fait baver qui étaient juste fantastiques notamment autour de l'AI j'ai pas suivi parce qu'en fait je veux garder ma liberté. Mais c'est juste un choix et c'est pas d'ailleurs un choix sur le plan financier très intelligent, mais c'est un mode de vie que j'ai envie de conserver et ça je pense qu'il va falloir de plus en plus se battre pour maintenir ce mode de vie et à mon avis on va plus se rapprocher de freelance qui ont un peu la vie dure comme les designers ou, tous les freelances qui vont être dans la com ou par exemple dans tout ce qui gestion des ads ou des trucs comme ça où il faut aller chercher le client où il y a de la concurrence, où c'est dur, mais ça existe encore ces gens là ils ont un mode de vie qui est aligné avec ce qu'ils ont envie de vivre et c'est à mon avis aujourd'hui être freelance, et dans les mois qui arrivent, dans les années qui arrivent il faut vraiment que ce soit un projet de vie, et puis simplement une opportunité parce qu'il y a tellement de demandes que tu fais ça et t'as 10 recruteurs à tes pieds aujourd'hui c'est les recruteurs qui fuient les développeurs c'est très drôle comme les choses se sont inversées et maintenant tu vois les développeurs sur LinkedIn qui râlent en mode ouais le recruteur il m'a ghosté et tu fais ouais les gars on est vraiment pas habitués à ça quoi ouais ouais tu sens en plus tu sens qu'il y en a qui sont un peu vexés, les choses ont changé et.
Bruno:
Donc ça effectivement c'est ce dur retour à la réalité pour certains freelances, il y a effectivement le fait de pas être rappelé de pas être, démarcher, débaucher, t'attire l'arigot. Est-ce que tu vois des développeurs, des gens en freelance qui commencent à envisager de se dire je vais plutôt passer en CDI ?
Benoit:
Plein, bien sûr.
Bruno:
C'est pas juste je baisse un peu mon TGM pour devenir un peu plus compétitif ?
Benoit:
Tu as ça, tu as une petite baisse de TGI, plus ou moins consentie. Un jour le client t'appelle et te dit ah bah maintenant c'est moins 10%. Bah non, bah si, bon d'accord. Qu'à ceux qui ne retrouvent pas de mission parce qu'ils n'ont pas su s'adapter, pourtant il y a de l'expertise mais nouveau contexte géographique refus de s'adapter à la situation du marché où aujourd'hui tu pratiques plus les TG d'avant, les TG ils ont pris 20% de moins et c'est comme ça point, et encore si tu as à moins 20% et que tu trouves une mission sympa tu es content, tu as tout ce mouvement, le Covid a fait un énorme boum sur l'enorme boost sur le remote du travail à distance, c'est clairement énormément remis en question dans beaucoup d'endroits, voilà toutes ces choses là font que c'est plus comme avant.
Bruno:
Et donc aujourd'hui tu déconsaillerais à des gens qui ont envie de passer freelance de le faire si c'est pour au delà d'un choix de vie si.
Benoit:
C'est par opportunisme financier je dis attention danger parce que, après tu prends peu de risques en vrai donc si t'as vraiment une opportunité de le faire genre t'as un client qui te signe un contrat long terme un tarif intéressant et c'est cool pour toi vas-y mais, faire ce choix de dire je démarre je n'ai pas de client je n'ai pas de prospect et je me lance ça va arriver ça va arriver, Ouais, fais gaffe. Oui, ça va arriver, mais dans 3 à 6 mois, peut-être pas à la mission de tes rêves, peut-être pas à l'endroit de tes rêves, parce qu'aujourd'hui, le remote, c'est fini, parce que les TG ont pris cher, parce que quand il y a un poste qui s'ouvre, t'as des centaines de concurrents en face.
Bruno:
Et puis, plus le temps passe en mission, plus t'as l'impression, tes réserves personnelles. Tu baisses tes TGM, t'as besoin de travailler. T'évoquais tout à l'heure, qu'il existait peut-être encore une poche de revenus sur effectivement ceux qui ont une capacité à aller bien utiliser des outils d'IA génératives pour être du coup plus productifs que d'autres. Est-ce que, tu vois, j'avais fait un épisode au tout début de ce podcast où on parlait effectivement de ce qu'on peut maintenant appeler au final l'âge d'or de la bonne époque, et notamment en décortiquant un peu on voyait que, en gros pour les développeurs et développeuses juniors le marché du travail était quand même un peu compliqué, que certes pour ceux qui avaient entre 2 à 6 ans d'expérience là c'était vraiment tapis rouge, à tous les étages mais dès que tu commençais à monter vraiment très haut dans les niveaux d'expérience là ça pouvait redevenir compliqué parce que tu étais sur des niveaux de salaire qui étaient peut-être un petit peu trop élevés ou ce genre de choses, mais que donc pour le gros de la population c'était l'âge d'or mais il y avait quand même des gens pour qui c'était encore compliqué. Est-ce que pour toi aujourd'hui au final, quelle que soit la techno quelle que soit ton expertise, quel que soit le sujet le marché s'est retourné et c'est compliqué pour tout le monde ou est-ce qu'il y a des technos ou des sujets où pour toi il y a encore un peu d'espoir ?
Benoit:
Je ne sais pas s'il faut parler d'espoir, moi je pense que je ne crois pas que l'état du marché qu'on a connu, même s'il était cool pour nous et était très sain, parce qu'il y a quand même à une époque où il suffisait que tu saches allumer un ordinateur et tu avais un job, quoi. Moi j'ai rencontré des gens qui étaient là parce qu'ils allaient manger ils n'avaient aucun appétit pour leur travail aucune passion, aucun goût du savoir-faire vraiment il y avait, vraiment cette sensation d'être à l'usine sur la chaîne le gars il passait sa journée à faire des pièces et puis ça avançait c'est pas comme ça que je perçois mon métier et que j'ai envie de le vivre, ça ne me touchait pas plus que ça, j'ai pas non plus une vision 360 du marché ou j'ai une vision plutôt indirectement des discussions que je peux avoir j'ai quand même l'impression qu'aujourd'hui tout le monde est touché, après j'imagine bien sûr qu'il doit y avoir des poches tu vois j'imagine qu'il y a, elle s'entraîne quand même sur des langages sur du code qui est produit on le voit bien il y a des technos, les technos qui sont plus jeunes ou plus de niche il y a beaucoup de mal. J'imagine que sur ces poches-là il y a peut-être on va être moins impacté pas tout de suite et encore s'il n'y a pas des impacts économiques, mais j'ai l'impression quand même que le mouvement est assez global Pour.
Bruno:
Toi les développeurs COBOL ça reste le safe space as vitam aeternam.
Benoit:
? Moi je trouve ça assez fantastique je serais que de savoir ce qui est capable de faire l'IA là-dessus tu vois, justement je parlais de ça avec quelqu'un qui me disait que s'il y avait bien un cas d'usage où l'IA était assez incroyable là on était plus sur des facteurs 2 mais plutôt sur des facteurs 10 voire plus c'est sur la traduction de code, et la transformation de code sur la rénovation de code quoi parce que l'IA est capable de comprendre l'intention et est capable de te la restituer dans un autre langage et plutôt pas trop mal quoi donc il y a surtout qu'en.
Bruno:
Fait la traduction d'un programme pour un LLM, c'est comme traduire du français vers du russe. C'est exactement ça. C'est juste la traduction. Ils font ça extrêmement bien. Ils sont surentraînés d'une manière colossale. La réécriture de code, c'est quelque chose... J'ai eu quelques discussions aussi avec des CTO qui m'ont fait part de projets de refact. Même pas de refactant. J'ai eu un studio qui m'a raconté qu'ils avaient une app en Swift et une app en Java ils ont voulu tout mettre, je crois que c'était en Kotlin, le projet avait été budgétisé pour faire une équipe de 6 personnes pendant un an, ça a été fait en 3 mois par un ingénieur qui a prompté le truc bout par bout, mais en fait petit à petit tout a été traduit en Kotlin.
Benoit:
Ce que tu évoques, c'est une illustration parfaite de ce que j'évoquais tout à l'heure oui il faudra toujours quelqu'un mais là où avant tu avais une équipe, demain une personne très compétente sera capable de faire le même taf.
Bruno:
Est-ce que tu penses que c'est quelque chose qui va durer ou pour toi c'est la nouvelle réalité.
Benoit:
Tant qu'il y aura de l'électricité et des réseaux oui.
Bruno:
Donc tu penses que cette situation du marché du travail c'est notre nouvelle réalité pour un long moment.
Benoit:
Et je suis pas sûr qu'on soit pas déjà sur un point haut, tu vois. Donc après ça, j'en sais rien. Mes talents de prospectivisme sont assez catastrophiques, donc... Par contre, ouais, je le vois plus comme un changement de paradigme que comme une crise. C'est des crises, il y a une idée d'état initial, de crise, et puis de retour à l'état initial ou légèrement changé. Là, pour moi, c'est juste une nouvelle réalité. Il faut être capable de l'absorber. En sachant que, comme on l'a vu, si tu regardes en deux ans comment les choses ont changé, d'ici à dans deux ans, si tu veux, on se prend rendez-vous pendant deux ans, on refait un épisode, et on va juste se dire waouh, mais c'était juste même pas envisageable ce qui s'est passé on aurait même, on aurait peut-être même pas, je pense que ce qui va se passer dans les prochaines années, on ne sait pas vraiment se le représenter donc c'est bien les travaux de prospective parce que, ça permet de prendre conscience qu'on est en train de vivre quelque chose de ouf je sais pas si Gutenberg quand il a fait sa première quand il a fait sa machine, qu'il a commencé à sortir des trucs où les mecs, ils n'avaient plus besoin de passer des heures à écrire. Est-ce qu'il s'est dit « Waouh, on est en train de faire un truc de ouf, mec, tu vois ?
Bruno:
» On va changer le monde.
Benoit:
On va changer le monde, je ne suis pas sûr. J'en sais rien, peut-être, j'espère qu'il avait cette conscience-là. Mais moi, j'ai vraiment ce sentiment. Mais alors, pour le meilleur et pour le pire. Il y a à la fois une forme d'excitation folle et en même temps, de se dire « Waouh, qu'est-ce qu'on est en train de faire ? » Peut-être qu'un jour, je m'excuserai à mes petits-enfants si j'en ai. Si l'état de la planète permet d'avoir encore des petits-enfants, peut-être que je m'excuserai. J'aurais peut-être mis un petit-enfant qui me diront « Mais papa, mais papy, qu'est-ce que vous avez foutu ? Vous étiez pété du casque ou quoi ? » Mais comment tu veux résister ? En tant que développeur, on a l'occasion, alors pas moi, je n'y participe pas, mais dans notre métier, à créer une intelligence, Qui potentiellement peut dépasser l'intelligence humaine Il y a quelque chose d'assez fantasmatique, d'interdit, Qui est ouf là-dedans Et donc c'est sûr qu'il y a quelqu'un qui va s'intéresser au sujet, Et d'ailleurs c'est hyper intéressant ça Le moment où j'ai vrillé C'est quand j'ai compris qu'il n'avait aucune part d'OpenAI, Et il dit, putain, si j'avais su, j'en aurais pris. Parce que combien de VCs ont refusé de financer parce que j'avais pas de part dans la boîte ? Et je regrette. Alors l'interviewer essaye de lui gratter à et alors combien vous voudriez, combien vous estimez que vous méritez ? Il répondra pas à la question, évidemment. Et le mec parle de sa passion, de dire, mais attendez, moi je travaille au quotidien, à fabriquer une super intelligence avec les gens qui sont les meilleurs de la planète. je vis juste ma meilleure.
Bruno:
Vie de.
Benoit:
Rêve de gosse donc au départ qu'est-ce que j'en ferais donc je m'inquiète pas pour lui il doit être bien traité mais tu sens qu'il y a une espèce de vocation à porter ça.
Bruno:
Mais c'est vrai que comme tu le dis on est un peu tous comme des gamins c'est à dire que si on avait tous l'opportunité de travailler dans l'équipe de Sam Altman on serait comme des ouf entouré de gens aussi brillants, travaillés sur un truc aussi fou c'est effectivement complètement dingue, et pour rebondir aussi sur ce que tu disais c'est vrai que c'est difficile d'imaginer où on sera dans 3 ans parce que l'arbre des possibles paraît tellement, vaste que tu te dis qu'il y a forcément tout un pan de l'arbre que tu vois pas du tout et puis qu'en plus il y a une forêt derrière, que tu peux même pas imaginer il y a ce qu'on imagine il y a ce qu'on rêve et puis il y a tout le reste encore derrière. Hum... Attends, j'avais une question qui vient de se barrer. Ah oui, si, tu parlais de... Tu disais que au final, tout ça, c'est un marché et que c'est la loi du marché qui fait que tu as des TGM qui baissent pour se rééquilibrer et compagnie. Tu as évoqué aussi que effectivement, pendant très longtemps, on a été un métier très attractif que des gens sont donc venus faire par opportunisme. Je pense que les gens qui font ce métier par opportunisme ne sont peut-être pas les plus heureux du monde parce qu'on fait quand même un métier un peu particulier, où on prend du plaisir à se confronter à des problèmes parfois, difficiles est-ce que ça ne veut pas dire aussi qu'avec ce retournement de marché on va avoir moins de gens opportunistes débarqués, on va avoir moins de formations, de trois semaines de gens qui se retrouvent estampillés développeurs après avoir en gros appris à allumer un IDE, et qu'au final l'offre va aussi se rééquilibrer avec la demande et qu'en fait on va revenir peut-être à quelque chose, c'est peut-être que on est dans un creux du balancier et que le temps que, le potentiel des gens qui veulent faire ce métier là se rééquilibre avec ce qui est vraiment nécessaire.
Benoit:
Là tu parles des nouveaux entrants.
Bruno:
Mais même tu parles des gens qui sont arrivés là par opportunisme qui décident par opportunisme d'aller à nouveau hier Après.
Benoit:
Oui c'est évident que ça va arriver, les gens qui sont arrivés par opportunisme, il y en a, j'en connais, qui ont pu découvrir la passion, qui pouvaient se cacher derrière le métier, et c'est chouette. Moi je pense que le sujet c'est même pas tant les nouveaux entrants, c'est ceux qui sont déjà formés en fait. Donc, c'est sûr que si aujourd'hui, tu écoutes cet épisode et tu envisages faire une formation courte de type bootcamp de quelques mois pour te lancer, réfléchis bien. N'y mets pas toutes tes économies, ne prends pas un crédit parce que ça sera quand même super intéressant. Tu apprendras plein de trucs. Je pense qu'aujourd'hui, quand je vois qu'on apprend aux enfants de plus en plus tôt à échanger avec un ordinateur, à communiquer avec un ordinateur, à programmer un ordinateur, je pense que oui c'est important, parce que ça fait faire partie du quotidien des citoyens, maintenant si ton projet c'est d'en faire un métier, sois prudent et même je te dirais ce que j'ai dit à mon fils si tu fais une formation longue, vraiment structurante tu as intérêt à être très déter comment.
Bruno:
Est-ce que aujourd'hui tu peux encore te, c'est quoi le facteur différenciant pour toi d'un freelance ou peut-être même aussi d'un salarié face à toute cette concurrence sur le marché ?
Benoit:
Un des facteurs différenciants ça va être l'expertise et sinon après ça va être la création de produits, nous avec le cercle ce qu'on a fait le cercle en forme des freelance, à devenir indépendant ça veut dire à ne plus dépendre de quelqu'un d'autre pour vendre son savoir-faire et aussi l'aider à transformer son savoir-faire en autre chose que de vendre de l'heure en fait, Et j'ai perdu le fil de ce que je voulais dire. C'était quoi ta question ?
Bruno:
De comment est-ce qu'on peut se différencier ?
Benoit:
Voilà, en fait, se différencier, ça peut être soit très technique, si tu veux devenir un expert de ton savoir-faire, et là, je pense qu'il y a de la place, soit en changeant et en faisant évoluer ton modèle. Soit parce que tu passes sur des logiques de forfait, par exemple, et là, tu vas avoir des effets de levier intéressants avec des outils qui existent, soit parce que tu vas créer un produit. Et le cercle, ce qui est intéressant, c'est que c'est lui-même un produit et donc les gens qui rejoignent le cercle voient de l'intérieur comment est-ce qu'on crée un produit qu'on commercialise ensuite.
Bruno:
Donc en fait c'est être capable de créer de la valeur pas uniquement de créer des lignes de code qui devient inconsommable.
Benoit:
On voit que ça devient de plus en plus une commodité une.
Bruno:
Commodité, et donc le prompt engineering pour toi c'est une nouvelle corde à notre.
Benoit:
Travail. Je pense que c'est une vraie compétence. J'ai un petit peu bougé sur ça, parce que, clairement, les modèles sont de plus en plus, affûtés pour comprendre l'intention. C'est un vrai sujet, visiblement, il y a même, je ne sais pas s'il y en a qui ont vu l'usine à trombone ou pas ? C'est une vidéo, je t'invite à aller la regarder, l'usine à trombone. Quand on m'a fait ce conseil, je sais qu'à la fin, j'aurais dû la garder pour la fin, celle-là, c'est une vidéo, tu comprends pas au début où il va et il y a un moment où tu dis, ah quand même et après tu peux plus décrocher de la vidéo c'est, Alors Peter, décidément, je perds le fil. Pourquoi je te parle de ça ?
Bruno:
On parlait du prompt engineering et du fait que c'est une nouvelle corde.
Benoit:
Il y a à comprendre de mieux en mieux l'intention. Donc c'est de moins en moins un sujet. Mais il y a quand même une question de savoir-faire, ne serait-ce que pour d'imaginer les cas d'usage qui sont possibles. Moi j'en découvre tous les jours. Moi j'ai une utilisation quotidienne de chat GPT aujourd'hui. C'est quotidien. Et pour tous les pans de ma vie, d'ailleurs en ce moment plus sur des sujets persos, et le dernier truc en date que j'ai expérimenté mais un petit peu sans le vouloir, je lis un bouquin je l'écoute en audio parce que dans le train et que moi mes yeux fatiguent très vite, sauf que je retiens pas, je prends pas de notes et je me rends compte que si jamais je fais que écouter ça rentre peut-être que ça va bouger trois neurones mais ça va pas persister et là il y a un livre que j'ai vraiment envie de, potasser et je me dis comment je peux le faire, sans avoir de stylo sans pouvoir prendre de notes de manière très classique comme j'ai appris à l'école et donc dans le train j'écoute, et quand j'arrive je lui demande fais moi un résumé s'il te plaît de tel chapitre de tel chapitre. Et là en l'occurrence il se trouve que c'est un bouquin qui permet de développer des compétences relationnelles donc je lui demande décris-moi tel archétype, c'est quoi ses caractéristiques et tout ça, et là où je suis bluffé il me dit, est-ce que tu veux qu'on fasse une simulation, et là d'un coup parce que le livre il le connait il l'a lu, donc s'il l'a lu il est capable de l'intégrer il connait tout son, il est capable de le résumer et il est capable de l'interpréter, d'incarner le personnage et là il me dit si tu veux je me mets dans tel dans tel archétype on est en train de discuter, voilà ce que je te dis comment tu réponds.
Bruno:
Et tu actives l'audio et tu peux avoir.
Benoit:
Une vraie discussion si tu as envie et là je commence, je lui fais ma réponse je dis qu'est-ce que tu penses de ma réponse sur ça et ça c'est très bien, tu l'amènes sous tel angle si tu veux être plus dans telle couleur je t'invite à regarder les choses comme ci, comme ça et il te fait le coach en fait, c'est-à-dire qu'il t'amène la connaissance et il te permet de la mettre en oeuvre tout de suite et en audio si tu veux.
Bruno:
Donc pour toi le prompt engineering au final ça va pas être tant que ça un métier parce que l'IA n'aura pas besoin de notre précision du prompt.
Benoit:
Si tu veux faire des cas des sujets très précis si tu veux développer un agent, oui il y a quand même un sujet autour de ça, Mais je crois que c'est plus, le sujet pour moi, en tout cas aujourd'hui, c'est plus l'aisance avec l'IA et de ne pas se limiter dans les cas d'usage qu'on peut avoir. Après, si aujourd'hui tu développes un agent, oui, je sais que c'est hyper important et que tu vas passer peut-être des heures à tuner ton prompt, parce qu'il y a cette question de la répétabilité de la performance où on veut qu'ils prennent des décisions mais on aimerait qu'ils prennent toujours la même. T'es gentil mais si tu lui donnes le pouvoir de prendre une décision, il va prendre une décision donc t'as intérêt à bien le cadrer pour que la décision tombe dans la zone qui te convient donc oui là ça va rester un sujet, maintenant dans l'usage professionnel au sens de tu échanges et tu communiques avec une IA il y a quelques mois je pensais que ça devenait une vraie compétence à part entière, je pense que ça reste important mais peut-être moins aujourd'hui parce que justement ces IA sont capables de comprendre l'intention et d'une finesse qui est impressionnante qui est ultra impressionnante parfois je lui demande, j'ai dit tiens j'ai eu cette phrase j'ai entendu cette phrase je sens qu'il y a quelque chose qui me gêne mais je sais pas quoi est-ce que tu peux m'aider, tu peux être sûr qu'il te décortique le truc mais d'une d'une finesse qui est hallucinante.
Bruno:
Non c'est effectivement c'est fou donc effectivement un gros changement de paradigme dans le secteur, merci beaucoup Benoît pour cette discussion c'était extrêmement riche j'aurais deux dernières questions pour toi qui sont les questions rituelles du podcast donc tu as déjà.
Benoit:
Donné l'usine à trombones mais est-ce qu'il y aura un.
Bruno:
Contenu que tu souhaiterais partager.
Benoit:
Avec l'ensemble des auditeuristes l'usine à trombones est-ce.
Bruno:
Qu'il y en a un autre que tu as envie de partager du coup parce que tu as déjà grillé une.
Benoit:
Cartouche, qu'est-ce qu'on pourrait dire quelque chose sur l'IA non c'est vraiment la ressource qui m'a fait shifter Sous-titrage ST' 501.
Bruno:
On mettra bien évidemment ton podcast t'es gentil que tu as repris.
Benoit:
Non je sèche là je vais rester sur l'usine à.
Bruno:
Trombeur et dernière question la plus importante à laquelle t'as déjà répondu à ce micro mais je te la repose quand même au cas où c'est à échanger avec l'IA est-ce que tu es plutôt espace ou tabulation je.
Benoit:
Ne comprends même pas que ça soit encore une question aujourd'hui espace évidemment.
Bruno:
Et rassure-moi.
Benoit:
J'avais déjà dit ça quand tu m'avais invité.
Bruno:
Merci beaucoup Benoît merci et merci à tous d'avoir participé à cette conversation. Donc voilà effectivement on a un métier qui est en pleine mutation faut pas en avoir peur c'est au contraire l'occasion de découvrir plein de choses faut effectivement se mettre à l'IA pas que en tant qu'utilisateur mais aussi en tant que, producteur ou en tout cas l'intégrer dans l'ensemble de vos services il y a des trucs top à faire allez jouer avec LongChain je vous jure c'est une super expérience c'est vraiment hyper fun, et faites du longchain avec un curseur à côté, vous verrez. C'est encore plus phénoménal. Je vous remercie beaucoup, je vous souhaite une très bonne fin de semaine. Je vous dis à la semaine prochaine et d'ici là, codez bien.