Mathieu Sanchez

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Expert de rien

Mathieu Sanchez

Comment survivre dans la tech sans être expert

L'IA n'apporte rien à l'expert
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Le D.E.V. de la semaine est Mathieu Sanchez, CTPO chez ACASI et animateur du podcast "Tronche de Tech". Mathieu nous parle du rôle clé du "généraliste" dans l'univers de la tech. Aujourd’hui la quantité de connaissance tech est telle, qu’on croit souvent que le seul moyen de devenir pertinent est de se spécialiser. Mathieu lui, pense que les généralistes sont ceux qui pourront le mieux tirer leur épingle du jeu, en particulier à l’ère de l’IA où la capacité à s’adapter est plus importante que jamais. Cela veut-il dire que les spécialistes vont devenir obsolètes ? Évidemment pas. Ces 2 profils sont extrêmement complémentaires et nous verront dans cet épisode ce que chacun peut apporter à l’autre.

Chapitrages

00:00:53 : Introduction

00:01:27 : Survivre dans la Tech quand on est “Expert de Rien” ?

00:03:24 : L'Expertise en question

00:06:16 : Les Profils T-shape

00:08:56 : Le fullstack : un profil mal compris

00:10:06 : La valeur de l'Expertise

00:16:28 : L'Apprentissage du Généraliste

00:19:39 : Responsabilité et Décision

00:23:32 : Comment devenir “Expert de Rien”

00:33:16 : Ratio Idéal d'Experts et Généralistes

00:36:12 : Valorisation de l'Expertise

00:37:54 : Impact de l'IA sur l'Expertise

00:46:56 : Conclusion et Réflexions Finales

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Un peu de patience ...
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Bruno:
Dans une partie de Donjons et Dragons, chacun a sa fiche de perso. Le mage lance des boules de feu, le guerrier encaisse les coups, le voleur désamorce les pièges. Et puis il y a ce joueur, tu sais, celui qui veut être un peu mage, un peu soigneur, un peu tank, et qui finit par rater tous ses jetés de dés. C'est le généraliste, il bricole des sorts de soins avec une main, il tient une épée rouillée dans l'autre, et il prétend pouvoir tout faire tant qu'il a un long reste. Mais parfois, c'est lui qui sauve le groupe, parce qu'au final, il voit des connexions que les autres ne voient pas. Mais alors, comment survivre dans la tech quand on est expert de rien ? Est-ce que savoir un peu de tout, c'est un super pouvoir ou un désavantage ? Et surtout, faut-il multiclasser pour devenir CTO ? Pour répondre à ces questions de généraliste, je ne reçois pas Léonard de Vinci, mais il s'y connaît en tout chatou. Mathieu, bonjour.

Mathieu:
Salut Bruno.

Bruno:
Alors Mathieu, est-ce que tu pourrais te présenter pour les quelques personnes qui ne te connaîtraient peut-être pas ?

Mathieu:
Donc je m'appelle Mathieu Sanchez, je suis ingénieur de formation. J'ai commencé pas dans le web, moi j'ai commencé en recherche opérationnelle, qui est un sous-domaine de l'IA, moins connu que le machine learning, mais qui est très cool aussi. On fait des algorithmes d'optimisation pour tout plein de problèmes. Donc j'ai commencé chez Air France. Et après j'ai basculé, j'ai rebasculé dans le web, puisque j'avais fait du web un peu avant. Et depuis je suis toujours dedans, ça fait dix ans, à peu près dix ans maintenant. Et donc ça fait je crois 4 ans que je suis chez Akazic un fintech expert comptable dédié au freelance, CTPO du coup donc jamais bien dans les cases tu vois et ça fait un an et demi donc j'ai un podcast qui s'appelle Tranche de Tech où j'interview des profils tech experts ou pas.

Bruno:
T'as dit un an et demi non c'est plus que ça que t'as Tranche de Tech.

Mathieu:
Presque 2 ans ça fait un peu plus d'un an et demi ça fait presque 2 ans J'ai commencé, je pense, en juin 2022.

Bruno:
Ah ok, j'avais l'impression que tu avais commencé déjà il y a...

Mathieu:
Non, il n'y a pas, non, ça passe vite, ça passe vite pour moi, tu vois, mais ouais, attends, passe vite.

Bruno:
Super podcast, je recommande à tout le monde bien évidemment de l'écouter, pas que parce que je l'y suis passé, mais non, mais super podcast.

Mathieu:
Super truc.

Bruno:
Je vous invite aussi à suivre Mathieu sur LinkedIn parce qu'il partage énormément de choses, énormément de contenu qui n'est pas généré de manière dynamique par l'IA. Donc c'est vraiment super intéressant, donc je vous invite vraiment à aller suivre tout ce que fait Mathieu. Du coup, quand on s'est contacté pour cet épisode, tu m'as dit, moi, je suis expert de rien. Je trouvais le titre génial. Donc, finalement, creuser comment est-ce qu'on devient expert de rien ? À quoi ça sert d'être expert de rien ? Et j'aimerais commencer la discussion autour du concept même d'expert. Parce que je trouve qu'on a une industrie un peu particulière où on devient expert au bout de 3-4 ans, à peu près, peu de choses près. 5-6 pour les plus longs. C'est quoi pour toi être expert aujourd'hui ? Est-ce que ça a du sens d'être expert dans le monde de la tech ?

Mathieu:
C'est peut-être déjà toute la question, parce que moi, j'ai beaucoup du mal avec ce... À partir de quand on est expert, en fait. Tu vois, quand tu as des métiers, l'expert comptable, justement, l'expert comptable, il a un diplôme, et il est expert comptable. Il est expert parce qu'il a passé certaines... Il a compris suffisamment de choses pour être expert. Nous, dans la tech, on n'a pas ça. On n'a pas cette espèce d'examen qui dit qu'on est expert. Et donc, à partir de quel moment tu es expert ?

Bruno:
Tu peux avoir des certifications, quand même, tu peux être expert Cisco, et puis t'as une palanquée de certifs qui vont avec.

Mathieu:
Ouais, c'est vrai, mais tu vois, c'est pas c'est vrai, moi c'est pas les experts que je vois sur les réseaux sociaux, par exemple. On a beaucoup d'experts, notamment dans un langage, tu vois, l'expert dans un langage, aujourd'hui expert C++, expert Python, expert Ruby qu'est-ce que ça veut dire, tu vois est-ce que c'est des années d'expérience, est-ce qu'il n'y a pas d'examen clair, et donc qui te donne ce titre ? Donc moi déjà j'ai envie de dire qu'il ne faut pas s'autoproclamer expert. Voilà. C'est les autres qui te désignent comme expert et en fait, l'expertise, elle est hyper relative. Tu vois, t'es expert dans un... Il y a des gens... En fait, les gens, pour eux, dès que t'es plus fort qu'eux, ils ne sont pas forcément capables aussi d'évaluer l'étendue de ta connaissance. Et donc, en fait, j'ai déjà du mal, moi, à me dire que je suis expert de quoi que ce soit parce que je vois juste des gens meilleurs que moi dans tous les domaines et je me dis, mais en fait, d'ailleurs, C'est très destructeur, je pense pour quelqu'un de cette sorte expert. Et puis tu vois un autre expert. En fait, il est meilleur que toi et tu dis mais attends. Il connaît plus de trucs que moi mais même si des fois peut-être on connaît autant de trucs mais pas dans les mêmes bulles dans les mêmes bulles donc c'est difficile je trouve ce label là, il est même limite stressant pour les gens qui l'ont parce qu'en fait tu te dis à un moment si je suis expert est-ce que j'ai le droit de ne pas savoir quelque chose, donc je pense que même si j'arrivais à un moment où on me disait toi t'es expert de ça, j'aurais presque envie de dire non mais me mettez pas ce label parce qu'en fait vous allez me piéger avec des questions et après vous allez dire non mais t'es pas expert donc voilà.

Bruno:
Ce qui est délicat en plus je trouve sur cette notion d'expertise, surtout dans notre industrie, où on est sur un métier qui est quand même extrêmement technique et extrêmement complexe et tu vois moi j'ai envie de dire que quand tu croises quelqu'un qui est expert Java expert Ruby, ce que tu veux ça veut dire que moi de ma perception je me dis donc j'ai face à moi quelqu'un qui certes a une très bonne maîtrise du langage mais aussi une très bonne maîtrise du contexte dans lequel son langage s'exécute, donc il a aussi une connaissance machine, une connaissance réseau. Tu vois, c'est que tu peux pas être... Enfin, pour être expert dans notre domaine, ma conviction, et peut-être que je me trompe, mais ma conviction, c'est qu'il faut que tu sois expert de tout ce qui se passe autour, au-dessus, en-dessous, parce qu'on parle aussi de ces fameuses couches. Donc, tu vois, tu peux pas être expert de Java si t'es pas aussi... Enfin, en tout cas, tu vois, cette notion d'expertise, je trouve bizarre, parce qu'en fait, tu peux pas vraiment creuser dans une direction... Tu peux pas affiner ton truc ton expertise normalement c'est une chose elle est difficile.

Mathieu:
En fait si elle est vraiment trop spécialisée, elle est presque plus utile et tu vois moi j'avais cette expérience une mauvaise expérience en plus avec un freelance Kubernetes qu'on avait recruté, franchement il était super pointu il répondait à toutes les questions, il faisait des trucs tu dis mais à quoi ça sert, tu comprenais même pas à quoi ça sert tu disais ça sur ton temps libre et tout, sauf qu'en fait nous on avait une mission de deux semaines et en fait au bout d'une semaine on a coupé parce qu'en fait en pratique dans la boîte, on n'arrivait pas à lui faire implémenter quoi que ce soit de concret tu vois en fait, il y avait des solutions à tous les problèmes, tu peux faire ça, tu peux faire ça mais en fait moi j'attendais de l'expert qui me disait aussi dans mon contexte comment ça s'applique, comment concrètement je le mets en place et tout, donc en plus l'expertise effectivement elle est à la fois, un petit peu théorique et à la fois il y a un truc main dans le cambouis et dès que tu mets les mains dans le cambouis, c'est plus juste ton expertise tu vois effectivement Expert Java, il y a un moment ton programme Java est lent, c'est peut-être pas le code du Java, c'est peut-être le SQL à côté, c'est peut-être les appels réseau, c'est d'autres choses et donc il faut que tu aies une culture un peu plus large donc je pense que. Comment on appelle ça je crois que c'est les T-shape les profils T-shape, en fait on s'attend à ce qu'il y ait quand même une base un peu partout qui s'étende et une expertise et donc c'est pour ça que moi j'ai bien parlé de Fullstack et c'est un truc qui je trouve j'ai pas mal compris le Fullstack, un peu méprisé des fois, on dit le Fullstack en fait il sait rien faire, il fait tout mal et en fait le Fullstack pour moi ça s'applique à un expert ou à un non-expert c'est-à-dire que le full stack c'est juste un état d'esprit le full stack c'est ne pas cracher sur un truc qui n'est pas ton expertise parce que tu vois le problème de l'expert c'est ça, c'est quand il est expert d'un truc et il veut pas toucher, tu vois l'expert back-end qui veut pas toucher au front-end, ça je l'ai vu tellement de fois et en fait c'est infernal tu vois déjà des fois c'est limite, un peu fait avec mépris tu vois bah oui c'est du front-end je touche pas, c'est pourri, c'est dégueu bah non en fait c'est juste différent, et du coup je trouve que même l'expert il doit avoir cet esprit du full stack c'est à dire bah attends je vais creuser aussi je vais essayer de comprendre, peut-être c'est juste le minimum pour résoudre mon problème mais il faut que je sois capable peut-être de m'appuyer sur un autre expert de ce truc là mais à un moment il faut quand même que je sois capable de faire une fonctionnalité de A à Z je parle de code, ça me tenait à coeur ce truc du full stack.

Bruno:
Je trouve ça intéressant comme point de vue sur le full stack c'est pas tout à fait la vision que moi j'en ai j'ai déjà dit plusieurs fois à ce micro que, j'ai du mal à concevoir le concept de Dev Fullstack en 2024-2025. Parce que je trouve que... Nos environnements technologiques se sont tellement complexifiés que j'ai du mal à percevoir de comment est-ce que tu peux réussir à apporter de la valeur vraiment sur tout le scope. Parce que le front aujourd'hui est devenu un métier hyper complexe, hyper complet. Le back, bien évidemment, ça se complexifie encore plus avec maintenant tous ces back-ends hyper argentiques qui rajoutent une couche en plus. La base de données, c'est devenu aussi un noyau hyper vaste. Et Dieu sait qu'on l'a couvert sur ce podcast avec notamment Sylvain qui est venu plusieurs fois nous en parler. Et du coup, tu vois, j'ai du mal à apercevoir le Fullstack comme étant un métier, possible, tellement, en fait, les choses sont compliquées. Mais j'aime beaucoup ton approche de dire que Fullstack, en fait, c'est ne pas refuser de ne pas considérer que c'est pas mon métier. Tu vois, d'être capable de toujours mettre le nez dedans en disant, c'est pas mon métier, mais je vais quand même aller essayer de comprendre.

Mathieu:
Ouais, exactement. En fait, je trouve qu'on associe Fullstack, pendant un moment, on a associé cette image, c'est un peu les recruteurs aussi, le full stack c'était le dev incroyable qui allait tout faire et tout faire bien et en fait c'est vraiment pas ça parce que je suis d'accord avec toi en fait être expert de tout c'est pas possible non plus, c'est plus facile d'être expert de rien que d'être expert de tout, évidemment, et donc effectivement à un moment il faut se dire non, le truc c'est j'ai le droit d'aller sur une expertise parce que ça me plaît et que j'ai envie de creuser ce truc là, par contre si je peux pas être utile tout seul dans ma tour d'ivoire à juste dire aux autres quoi faire, faut aussi que je fasse et aussi ne serait-ce que pour progresser moi et, et comment dire, mesurer mon expertise et puis l'exercer, il faut que je fasse et pour faire en fait tu es connecté à plein d'autres technologies et donc ces technologies il faut que tu les maîtrises suffisamment pour, je te dis un truc bête, l'exemple bête c'est vraiment pour moi ces équipes qui sont spécialisées front-end back-end et en fait moi j'ai vécu ça, t'avais une équipe front-end et une équipe back-end, ça rajoutait des, canaux de communication parce que du coup il y a des gens qui font le front, des gens qui font le back et puis t'as une API à faire entre les deux et tout. Alors qu'en fait si tu dis moi j'ai essayé de faire ça chez Akazi, tu vois, c'est si tu dis, j'ai une équipe full stack, vous êtes tous full stack et il y a des spécialisations t'es full stack, spécialité back-end t'es full stack, spécialité front-end et du coup les grosses features très fondent, c'est plutôt toi qui vas les prendre et tu vas être aussi un référencère tu vas venir aider ton back-end quand il a une feature où il y a du back et un peu de front, et donc ça permet de faire progresser les gens et de les rendre responsables sur leur feature parce que finalement quand il faut faire parler les deux, bon bah généralement en fait si t'as deux responsables c'est l'enfer, si t'as un responsable il va se débrouiller pour faire marcher le front, même si c'est pas sa spécialité et t'auras quelqu'un pour l'aider pour revoir etc.

Bruno:
Si on revient aussi sur cette temporalité qu'on a dans le monde du dev où tu deviens un senior au bout de 6 ans, il y a effectivement une phrase que Nicolas me rappelle en commentaire c'est que pour faire un arbre centenaire t'as pas besoin d'engrais, il faut 100 ans c'est qu'une histoire de temps, est-ce qu'on devient un senior trop tôt dans notre industrie, est-ce que c'est juste un titre au final ça n'a pas forcément tant de valeur que ça, et est-ce qu'au final est-ce qu'on peut enfin, il me semble que c'est avec toi qu'on en parlait mais avant le début de l'enregistrement, mais je sais plus quand, je crois que c'est une question que j'ai eu avec toi sur le fait que, en fait quand t'es expert technique c'est aussi que t'as vu énormément de cas, t'as vu énormément de situations t'as vu, et en fait t'as appris des choses, mais est-ce que cet apprentissage là, tu peux le transmettre à quelqu'un sans qu'il vive lui-même ces situations là.

Mathieu:
Non je pense qu'effectivement c'est une bonne question, après t'as une question de, c'est décrémental un petit peu, c'est-à-dire je pense que peut-être les dix premières années de ta progression, t'apprends beaucoup, t'apprends les 90%, et puis après j'ai du mal à voir comment tu progresses autant, j'ai l'impression quand même que c'est au début que t'apprends, c'est normal, au début t'apprends plus, et puis c'est une courbe qui s'aplatit. Mais effectivement, je pense que l'expérience sur ce truc-là, tu prends les échecs par exemple, pourquoi un joueur d'échec il devient très bon ? C'est parce qu'il a vu beaucoup de situations, au bout d'un moment son cerveau il les a enregistré, il les reconnaît, nous c'est un peu pareil avec le code, le code en fait il y a des patterns on les reconnait et ça nous enlève de la charge mentale, on peut réfléchir sur les trucs, importants, ça fait partie de ton expertise, ton expérience là où un junior en fait il est noyé dans toutes les informations qu'il doit processer et donc non tu peux pas remplacer un certain nombre d'années après. 10 ans ne veut pas dire tu peux faire 5 ans et faire autant d'heures que quelqu'un qui fait 10 ans donc c'est pas juste une question d'années mais je pense qu'il y a quand même une question de temps intrinsèque passé à faire qui t'apporte ces réflexes-là. Et puis les gens, après, assimilent plus ou moins vite. Chacun a son rythme à lui. Mais effectivement, je pense que c'est un point important. Après, pour revenir sur ta question du senior au bout de trois ans, je pense que c'est un peu une dérive de notre industrie. Si on met des espèces de labels, jusqu'à quand t'es junior, quand t'es senior, etc. Mais en fait, on devrait peut-être plus parler en années d'expérience. Et puis après, moi, je pense toujours qu'il faut quand même tester. Les années d'expérience, ça ne veut pas dire grand-chose. Tu vois, tu peux avoir 5 ans de quelqu'un qui va le 15 ans chez quelqu'un d'autre en fonction du contexte, de l'expérience, de ce qu'il a vécu, de ton contexte à toi, d'entreprise et des problèmes que tu as besoin de résoudre. Donc voilà, moi, je ne suis pas un grand fan des CV super longs. Je suis fan de quand tu fais, quand tu parles et quand tu résous les problèmes et que tu montres un petit peu, surtout ta façon de raisonner, parce que c'est quand même ça qui est important au bout de plein d'années, c'est comment tu abordes les problèmes.

Bruno:
Comment est-ce que tu perçois la différence qu'il y aurait entre toi avec toutes tes années d'expérience ? Et au final, tu te présentes comme étant quelqu'un qui a beaucoup travaillé dans le monde du web. Tu as une vision effectivement assez large, mais on le disait tout à l'heure, pour être expert sur une techno, en fait, il faut que tu sois capable de t'élargir à d'autres domaines. Qu'est-ce qui te fait dire que toi, aujourd'hui, tu n'es pas un expert web ? Je ne sais pas sur quelle techno tu bosses principalement. Ça fait 10 ans que je fais du rubis qu'est-ce qui fait pour toi que t'es pas expert en rubis ?

Mathieu:
Je sais pas tu vois c'est parce que parce que je vois des gens qui sont meilleurs que moi j'en vois plein et du coup, je me dis par rapport à des débutants je suis meilleur que certains je suis moins bon que plein d'autres mais je suis mal à l'aise avec ce label expert, je me dis que tu vois par exemple je sais pas je suis pas du tout en fait moi le label l'expertise j'ai l'impression que du coup une fois que tu l'as, t'es forcé de te tenir à jour de toutes les dernières nouveautés du framework. Moi j'ai pas envie de faire ça, tu vois, c'est pas ça qui me fait vibrer et donc moi je fais d'autres trucs, j'ai envie de regarder de la base de données, moi j'aime bien faire un peu d'opérationnel d'ops, tu vois, donc regarder simplement comment on analyse, ce qui se passe sur la prod plutôt que d'aller regarder les dernières nouveautés, et donc c'est pour ça que je suis pas à l'aise, après c'est sûr, tu vois, il y a des gens qui diraient bah si t'es expert rails Et là, c'est limite moi qui n'ai pas trop envie d'avoir ce label-là.

Bruno:
Et donc, c'est que toi, tu continues à aller chercher d'autres sujets, d'autres domaines, d'autres... Tu essaies de tout le temps faire un pas de côté et quitte à, du coup, tu rentres parfois très, très loin. Ou tu cloisonnes quand même dans une certaine régionalité, on va dire ?

Mathieu:
Bon après je reste dans la tech Je reste dans la tech Si il y a quand même des sujets qui m'intéressent plus que d'autres Tu vois effectivement, Aujourd'hui moi j'ai du mal A m'investir dans un framework front Par exemple tu vois, il y en a trop Je sais pas quoi choisir Ça me fait un peu tourner la tête Donc il y a des trucs comme ça où j'ai moins envie Mais tu vois par exemple le CSS Qui est quand même un sacré bordel Bah en fait je trouve ça trop intéressant Je trouve ça hyper intéressant, on peut faire vraiment des trucs de ouf c'est hyper créatif je trouve tu t'arraches les cheveux clairement mais tu vois c'est le genre de choses où j'ai envie de creuser quand je vois un petit problème là dedans je peux passer une heure deux heures à me dire attends, comment ça marche faire un tuto donc, je suis un peu mon intérêt et je me dis pas ça rejoint ce que tu disais tout à l'heure je me dis pas, moi mon expertise c'est réel il faut que je sois plus fort sur l'autre au contraire tu vois moi j'ai presque l'impression que il y a ce truc du généraliste où en fait tu as un peu ce syndrome de quand t'as fait le tour d'une techno à 80% en fait t'as peut-être même plus envie de faire les 10% restants parce qu'ils te demandent beaucoup d'efforts et tu te dis il y a des, low-hanging fruits à aller choper ailleurs en fait, c'est un peu comme ça que je l'aborde je pense, c'est pas de l'ennui tu vois.

Bruno:
Mais c'est un côté c'est la marge de progression supplémentaire à aller chercher va être quand même, beaucoup plus beaucoup plus longue versus ce que tu peux aller chercher ailleurs qui va te permettre de progresser plus vite sur d'autres sujets.

Mathieu:
Oui, et j'ai l'impression qu'elle me demande de pouvoir, entre guillemets. C'est-à-dire que ces 20%, ils sont très... C'est un peu bizarre parce que j'ai pas envie de dire que je veux toujours faire des trucs utiles parce que c'est pas vrai, mais au fond de moi, il y a quand même ce truc de me dire je vais creuser un truc s'il est vraiment utile. Donc souvent, ces 10%, tu vois, tu les rencontres pas au quotidien, ils te sont pas utiles et tout. Donc si moi, je rencontre pas de problème, je vais pas aller creuser juste pour le plaisir de creuser je vais plutôt creuser quand j'ai le problème et là par contre ça va me plaît beaucoup de le résoudre et d'apprendre tout ce que je peux apprendre pour très bien comprendre et c'est comme ça moi plutôt que j'aborde l'apprentissage j'ai du coup des problèmes, il y en a pas que en Ruby on Rails tu vois, et donc ça fait que tu tires un peu dans tous les sens parce que les problèmes sont multiples et donc t'es obligé et c'est ça que je trouve qui est aussi la force de la, généraliste versus tu vois si l'expert il s'arrête trop sur son expertise c'est quand ça dérive dans un domaine qui n'est pas son expertise s'il s'efforce pas d'y aller, d'accepter que ça va être un peu difficile au début parce qu'il connaît pas du tout tu vas pas pouvoir résoudre tous ces problèmes qui sont un peu transverses.

Bruno:
Donc en fait t'es drivé par la résolution de problèmes ?

Mathieu:
Je pense que ouais, Clairement, je pense que c'est ça. Dès qu'il y a un problème, je veux le comprendre vraiment dans les détails. Je ne veux pas le mettre sous le tapis. J'ai un peu ce truc de... Ça m'empêche de dormir si je n'ai pas compris.

Bruno:
Mais tu vois, de la même manière que tu faisais cette distinction pour le full stack, où tu disais le full stack, c'est quelqu'un qui va à aucun moment dire, c'est pas mon métier, donc je vous laisse gérer. On pourrait faire la même analogie qu'au final, peut-être que l'expert... Dans un domaine précis, c'est quelqu'un qui va dire ce problème-là, ce n'est pas le mien. Et là où toi, tu es full stack, mais du coup, tu es aussi, quel que soit le problème qu'on t'amène, tu vas essayer de le comprendre et tu vas essayer de le résoudre.

Mathieu:
Oui, j'ai un peu cette envie-là. Après, tu vois, c'est aussi ce qui a été ma chance. C'est-à-dire, quand je suis revenu dans le web, j'étais dans une boîte où, en fait, il y avait un CTO que je connaissais. Et moi, j'étais un peu sombre à droite, donc j'étais un peu back, mais j'étais un peu, tu vois, marchait pas, quelle que soit la raison, c'était quand même un peu mon problème, tu vois, et du coup quand t'es responsabilisé, ça je trouve c'est un truc hyper important pour les devs, c'est d'ailleurs un fameux sujet sur le vrai devops, tel qu'on l'entend, c'est à dire, on fait pas des devs d'un côté des obs de l'autre, mais on fait vraiment ensemble et en fait ça, ça responsabilise à mort les devs et ça te force à dire, attends, il y a un problème, c'est ma responsabilité, c'est ma prod en fait, tu vois, c'est pas quelqu'un d'autre qui le gère pour moi, et ça je trouve ça fait beaucoup progresser, et ça fait apprendre plein de choses en transverse, mais des fois ça va à l'encontre de la spécialisation parce que tu passes beaucoup de temps sur des problèmes qui sont très larges.

Bruno:
Et comment tu fais pour... Tu disais que tu essaies de rester quand même dans un certain domaine que tu maîtrises que tu as identifié comme étant la tech, mais la tech on en fait partout. À la NASA ils font de la tech, dans les labos de bio ils font de la tech, dans les hôpitaux il y a de la tech. Une IRM, enfin une machine à IRM c'est énormément technique comment tu fais pour si tentez que tu le fasses est-ce qu'il y a un moment t'arrives à dire non là en fait je commence à être trop loin.

Mathieu:
Tu dirais en termes de domaine sur lesquels je travaille ou peut-être pourquoi j'ai choisi peut-être d'aller, de rester dans du web plutôt que de partir dans un autre techno ou un truc comme ça ?

Bruno:
Je sais même pas si ma question est formulée à ce point-là de précision, mais tu vois, c'est... Est-ce qu'il y a un moment, tu vois, si je t'amène un problème, il y a un moment où tu vas dire, là, en fait, pour résoudre ce problème-là, je vais devoir creuser des sujets qui sont pas les miens, en fait, et du coup, c'est trop loin pour moi.

Mathieu:
Après je reste un CTO tu vois donc je dois en plus je suis un CTPO je t'ai dit donc mon but c'est quand même de délivrer de la valeur pour nos clients donc il y a quand même ces trade-off à faire en disant ok ce problème il est très intéressant, mais en fait c'est pas un problème qui a vraiment de l'impact sur nos clients, sur notre pod, quel impact tu vois s'il n'y a pas un impact réel bon il faut bien que je le laisse de côté, je vais pas poursuivre n'importe quoi tu vois, je garde ce sens je pense qui est bien pour un généraliste aussi de dire c'est quoi les priorités de la boîte, et donc c'est aussi un des sujets qui entre guillemets mais par contre ça peut me rester dans un coin de la tête et je peux prendre du temps à moi en dehors de mon temps de travail pour le faire en me disant là il y a de la curiosité j'ai vraiment envie de savoir quand.

Bruno:
Même ça allait justement à ma question même en étonnement c'était parce que ce que tu semblais répondre au début c'est que ton envie de résoudre des problèmes se limite à ton contexte.

Mathieu:
Professionnel, alors non non parce que comme je te dis tu vois escape game des énigmes tu vois à côté j'en fais donc c'est toujours ça, après voilà aujourd'hui j'ai le podcast, j'ai une vie de famille j'ai des choses qui font que, mais voilà clairement moi si j'avais du temps à côté ça serait pour explorer d'autres trucs comprendre d'autres choses et résoudre d'autres problèmes.

Bruno:
Tu mentionnes effectivement ton podcast dont on a parlé en début d'épisode aussi bien évidemment et, Est-ce que tu penses que t'es devenu généraliste parce que t'as un podcast et du coup, parce que comme moi, en fait, tu seras à l'épisode de 330 et quelques, je sais pas combien. Donc c'est autant d'experts de différentes technos que j'ai reçus et qui effectivement font que j'ai vu énormément de sujets différents. Est-ce que tu penses que t'es devenu expert de rien grâce au podcast ou est-ce que tu penses que t'as lancé un podcast parce que justement, t'es expert de rien ?

Mathieu:
Je pense que j'étais expert de rien avant de lancer le podcast. Non ouais je pense que j'étais déjà et effectivement tu vois je pense que la capacité, l'envie de lancer un podcast c'est aussi ce côté envie de découvrir de nouveaux trucs et donc envie d'explorer plein de choses et cette peur de choisir aussi tu vois parce que c'est aussi ça, pas vouloir être expert c'est quand tu as du mal à choisir moi je sais pas, si je devais choisir un truc sur l'expertise j'ai 5 idées, je peux pas choisir j'ai envie d'être expert de tous ces trucs là c'est pas possible, j'ai pas le temps, c'est vraiment très difficile et donc non et le podcast en fait, je trouve qu'il m'a donné l'opportunité d'explorer des expertises, d'une manière qui était difficile tout seul parce que quand t'as accès à un expert et que tu discutes tu comprends un peu les problèmes et du coup tu découvres plein de choses, parce qu'ils ont des métiers, parce qu'ils travaillent sur des choses et ça te donne à la fois des idées, des envies, des trucs que toi tu pourrais explorer et puis de la connaissance supplémentaire aussi ça nourrit ton expertise de rien puisque tout d'un coup tu enrichis plein de domaines un petit peu parallèles.

Bruno:
On a une très bonne question dans le chat qui nous dit, est-ce qu'être expert de rien, c'est pas un luxe de senior ? Parce qu'effectivement, un junior...

Mathieu:
Tu démarres expert de rien, de toute façon.

Bruno:
Un junior ne peut pas arriver en disant que je suis expert de rien et que ce soit valorisé. Est-ce que ce n'est pas effectivement un privilège d'ancien ?

Mathieu:
Expert de rien, c'est un peu le teaser. En fait, on est des généralistes plus que des experts de rien. Tu vois, c'est plutôt ça. De toute façon, un junior n'est expert de rien. Par définition, c'est la définition du junior. Et après, tu choisis dans ta carrière de devenir plutôt un spécialiste, plutôt un généraliste. c'est plutôt le vrai terme. Et donc, effectivement...

Bruno:
C'est marrant parce que tu ne dis pas sur les yeux assez grand-jeun, on dit plutôt carrière technique ou carrière managériale.

Mathieu:
Et ouais, c'est vrai. C'est un bon point. C'est un bon point. Et je ne sais pas comment tu fais, parce que du coup, moi, je suis un peu manager. Je suis manager, même pas un peu, vraiment. Et je ne sais pas si tu peux faire une carrière de généraliste sans être manager. C'est une bonne question. Et d'ailleurs, c'est intéressant parce que je pense que c'est intéressant d'avoir un généraliste qui peut faire plein de choses sans être expert de quelque chose et qui n'est pas non plus manager. Tu peux avoir envie d'être très technique sans pour autant être expert. Mais effectivement, ça n'existe pas vraiment aujourd'hui.

Bruno:
Moi, j'aurais comme tendance un peu à dire qu'un architecte...

Mathieu:
C'est pas faux.

Bruno:
Quand t'arrives sur des rôles d'architecte, t'es quand même obligé de... Tu peux pas être... Enfin, t'es obligé de connaître tellement de techno, tellement de sujets, tellement de domaines, tellement de... Que t'es forcément un peu généraliste. Alors, certes, tu vas pas... Tu passes pas d'un architecte réseau à construire un tracteur parce qu'on parle effectivement de métiers complètement différents, mais tu vois quand t'es architecte réseau t'as une panoplie d'outils à ta disposition que tu connais que tu devrais être censé maîtriser tu devrais être censé te maîtriser en tout cas qui est hyper bas, je pense qu'on se rapproche quand même du généraliste c'est vrai.

Mathieu:
Je pense que c'est un bon point l'architecte après moi j'ai l'image plutôt grosse boîte un peu corporate où l'architecte, il n'a plus beaucoup les mains de roncambouille. Alors que tu vois, l'expert pour moi, peut-être c'est une question de différence grosse boîte start-up et tout, j'en sais rien, mais j'ai le sentiment que l'expert, lui, il continue à faire les trucs. Il fait les trucs les plus pointus, tu vois, sur ce truc. Il aide les autres à faire et lui, il fait les trucs les plus pointus. Ce rôle que chez l'architecte, j'ai l'impression qu'il n'a pas, c'est peut-être une impression. Et que tu vois, moi, je pense en tant que généraliste, j'aimerais avoir en fait. J'aimerais continuer à toucher plein de trucs à droite, à gauche. Pas juste, c'est pas juste tu vois mais pas rester sur le haut niveau sur les diagrammes et sur la c'est pas la théorie parce que c'est pas vraiment la théorie mais pas sur les grandes lignes de la stratégie.

Bruno:
Le côté très tour d'ivoire le conseil des sages qui donne des grandes directions.

Mathieu:
Sans que ça soit péjoratif tu vois parce qu'en fait c'est très bien etc de donner les directions machin mais il y a ce côté à un moment être sur le terrain dans le truc et faire aussi des choses tu vois c'est toi qui démarre démarre le cluster, mets les load balancers ce genre de choses.

Bruno:
Je vois est-ce que la force de l'expert c'est justement de pouvoir combiner les choses ou est-ce que c'est juste de savoir beaucoup de choses.

Mathieu:
La force de l'expert.

Bruno:
De l'expert de rien, pardon.

Mathieu:
Oui, de l'expert de rien, du généraliste, du coup.

Bruno:
Du généraliste.

Mathieu:
Alors, c'est marrant parce que j'avais lu un bouquin qui m'avait fait très plaisir en tant que généraliste, que tu devrais lire, il te fera très plaisir aussi, peut-être, Bruno. Il s'appelle Range. Il s'appelle Why Generalists Triumph in a Specialized World. Donc, pourquoi les généralistes triomphent dans un monde spécialisé. Et effectivement, c'est un truc qu'on voit. Tu parlais de Léonard de Vinci. C'est des gens qui étaient généralistes, en fait, ils allaient faire plein de choses, mais en fait, à l'époque, ils arrivaient presque à digérer toute la connaissance, parce qu'il y avait beaucoup moins de connaissances qu'aujourd'hui. Et donc, on a aussi cette impression qu'aujourd'hui, il y a tellement de connaissances à digérer que si tu veux être efficace, pertinent, et notamment innover, il faut être à la pointe de ton domaine, et c'est le seul moyen. Et en fait, dans ce bouquin, il explique qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de gens, et limite, il y a plus d'innovation grâce aux généralistes, parce que la force du généraliste, c'est d'aller regarder un domaine, de trouver les méthodes qui marchent dans ce domaine et de les appliquer à un autre domaine qui n'a rien à voir, de les transposer, tu vois. Et donc, la force du généraliste, c'est d'être capable, je pense, de comprendre une grande partie d'un domaine, pas forcément dans les moindres détails, de manière bien moins moindue qu'un expert, mais d'être capable de voir les liens entre deux choses qui n'ont a priori pas grand-chose à voir, tu vois. Et donc, en fait, avoir ces espèces de... On parlait des échecs où ton cerveau, il connaît les formes. C'est un peu ça, tu connais les formes et t'es capable de les appliquer à un nouveau jeu et ça te permet d'avancer plus vite dans un domaine, et c'est un truc que moi j'avais expérimenté dans les langues aussi, plus t'apprends des langues étrangères plus tu vas aller vite à apprendre des nouvelles langues étrangères et notamment t'en as plein qui se ressemblent t'as les langues racines latines, t'as les racines nordiques etc, enfin anglo-saxonnes et donc le généraliste, devient quelqu'un qui peut maîtriser quand même pas mal de choses très très vite tu vois ça devient pas un nul en tout, ça devient quelqu'un qui arrive à atteindre un niveau. De compétence très rapidement sur pas mal de domaines. Et ça, je pense que c'est la force du généraliste.

Bruno:
Et donc, la spécialisation du généraliste, ce serait... Je pense que tu as déjà entendu parler de cette histoire aussi qui raconte que l'idée du MagSafe sur les Mac vient d'un rice cooker.

Mathieu:
Ah non, ça va.

Bruno:
La personne qui a pensé à faire un MagSafe, c'est parce qu'il a vu ça sur un rice cooker, genre dans un magasin, et il s'est dit, mais en fait, c'est le même principe. Quand je tire mon câble, il ne faudrait pas que mon ordinateur vienne avec parce que mon ordi vaut plus cher que mon rice cooker. Et donc est-ce que, comment dire de la même manière que quand tu deviens expert Java en fait tu montes les strates de Java le généraliste c'est sa strat ce serait une capacité à faire des grands écarts de plus en plus grands si.

Mathieu:
Je suis d'accord il y a une expertise qui est un peu difficile à expliquer mais qui est un peu ça c'est cette capacité à, analyser vite, à reconnaître des patterns peut-être ouais je pense que c'est vraiment ça et du coup à comprendre de plus en plus vite des choses parce que tu sais reconnaître ces patterns là, je pense que c'est ça ton expertise de généraliste.

Bruno:
Et parce que je pense pas qu'on puisse dire et je pense pas que ce soit ton message en tout cas que le généraliste vaut mieux que l'expert et qu'on peut se passer à l'expert comment est-ce que les deux peuvent bien travailler ensemble ?

Mathieu:
Bah du coup effectivement c'est hyper complémentaire c'est à dire qu'en fait si tu n'as pas de généraliste en fait t'as pas l'expertise sur laquelle t'appuyer et donc en fait il y a quand même plein de moments où tu vois typiquement le métier de je pense le métier de C-level en fait c'est un métier plutôt de généraliste même si c'est CTO même si c'est technique parce qu'en fait toi ton boulot c'est d'avoir une vision assez large et d'être capable avec les feedbacks de l'expert parce qu'il y a des choses que tu vas pas maîtriser et c'est là que l'expert tu vas lui demander et tu dois être capable de comprendre ce qu'il te raconte son boulot c'est aussi de pour moi le boulot de l'expert c'est aussi de savoir bien expliquer son métier ça fait partie du boulot d'expert mais du coup toi tu dois être capable de comprendre tout ça, éventuellement l'input de plusieurs experts parce qu'il y a potentiellement plusieurs alternatives, plusieurs façons de faire et à la fin de décider avec la vision globale de l'ensemble des expertises ce que t'es capable de faire, c'est très agentique comme vision tu vois mais c'est vraiment ça, c'est à dire qu'en fait. Tu ne peux pas avoir toutes ces expertises et il faut que tu t'appuies sur les experts pour être capable de prendre ces décisions et les experts ne peuvent pas prendre ces décisions là parce que tu vois, on va prendre un exemple qui est un peu caricatural du coup parce qu'il sort un peu de la tech mais quand tu as un CTO et un CPO, C'est pour ça que le CTPO, j'aime bien. C'est parce qu'en fait, le CTO, il priorise un peu la tech. Le CTPO, il priorise un peu le produit des utilisateurs, mais c'est un équilibre. Et du coup, il faut qu'ils arrivent à se mettre d'accord, à se comprendre l'un l'autre pour faire les bons compromis. Le CTPO, s'il est honnête avec lui-même, ce qui n'est pas toujours facile, tu vois, mais c'est ça qu'il est censé faire. C'est ça qu'il est censé faire. Il a la connaissance technique, il a la connaissance produit et il est capable de dire, ouais, cette feature, non en fait je comprends l'impact qu'elle a sur les utilisateurs, je comprends le coût technique, on l'a fait, on l'a fait pas il y a de la dette technique tous ces trucs là, et donc c'est là que, le généraliste est aussi là pour peser tout ça et essayer de bien le comprendre, mais la connaissance, lui vient souvent de quelqu'un qui est meilleur que lui dans son domaine.

Bruno:
Est-ce que pour toi il y a un ratio idéal sur un nombre d'experts et un nombre de généralistes ?

Mathieu:
Non c'est super dur j'en sais rien tu vois non j'en sais rien parce que ça dépend vraiment de quoi on parle c'est à dire que si tu prends juste dans une équipe technique, dans une équipe technique il faut un expert par techno que tu as tu vois donc par exemple si tu prends une équipe technique t'as peut-être un expert ops un expert back un expert front, peut-être un expert QA tu vois donc c'est plus par un expert par techno et puis après le reste, par défaut entre guillemets c'est un peu des généralistes, ça dépend de la taille de ta boîte peut-être t'as besoin de 3 experts etc mais après c'est vraiment des considérations managériales, tu vois c'est tes experts ils sont aussi là pour, épauler tes généralistes et donc ils t'en font assez pour que il y a de la disponibilité, qu'ils puissent quand même faire des trucs donc c'est une question très, il y a un peu cette histoire du ratio senior-junior si on dit un senior, deux juniors et tout moi ça dépend des gens parce que tu vois un senior, en fait je trouve qu'un senior-deux juniors c'est, Je vais te dire... Non, justement, on dit l'inverse. On dit deux seniors en junior. Et ce ratio, je le trouve un peu hypocrite, je le trouve très confortable pour les seniors.

Bruno:
Tu vois.

Mathieu:
Et en fait, ça dépend vraiment des seniors, de comment les juniors se débrouillent et de leur personnalité et de la capacité des seniors à avoir du temps pour les autres. Je pense que les experts, c'est un peu le même sujet. En fait, c'est pour moi, l'expert à la pédagogie, il doit passer du temps à expliquer, à aider, etc. Et donc, sa capacité à faire... De sa capacité à faire ça dépend le nombre de personnes qu'il peut aider autour de lui et notre compte généraliste.

Bruno:
Moi, pour le coup, je pousse effectivement mes équipes. Aujourd'hui, dans mes équipes, on a un ratio senior-junior que je trouve personnellement complètement fucked up. On a beaucoup de seniors, on a beaucoup d'experience, et on a quasiment aucun junior. Et forcément, avec le temps, ça veut dire que tu auras de moins en moins de juniors et de plus en plus de seniors. Et comme je considère que l'apport d'un senior, c'est une capacité à rendre les juniors encore meilleurs, que son impact, s'il est multiplié par le nombre de juniors qu'il arrive à rendre meilleur, s'il n'a pas de juniors à rendre meilleur du coup le seigneur n'est pas au niveau qu'il devrait avoir il n'a pas l'impact qu'il pourrait avoir, donc moi je suis plus dans une optique de me dire pour chaque seigneur il faut que j'ai deux juniors, voire même, trois ou quatre, pour moi il doit y avoir plus de gens juniors que de seniors dans une équipe.

Mathieu:
Moi je partage pas mal cette avis, après de nouveau c'est pas facile parce que La compétence de passer du temps avec les autres, ça dépend aussi de ta nature introvertie-extravertie. Ça peut être très fatigant. Donc, il y a plein de choses qui rentrent en compte, mais je suis assez d'accord qu'idéalement, les intérêts composés en formant des juniors, c'est ça qui crée de la valeur dans une équipe.

Bruno:
On a déjà évoqué plusieurs fois à ce micro que la filière d'expertise, la carrière d'expertise technique n'a pas toujours été hyper valorisée, en tout cas en Europe ou en France. Est-ce que tu crois que le career path de devenir expert de rien peut être plus valorisé ?

Mathieu:
Si l'expert de rien devient le manager le C-level et si c'est ça le pas s'il est déjà je pense pas mal valorisé en France tu vois ça a été quand même longtemps ça, si c'est l'architecte c'est un peu ça mais je pense qu'il y a quand même un truc un peu différent tu vois, pour moi il en tout cas le truc que moi j'imagine et dont je rêverais il existe pas vraiment tu vois donc oui il pourrait être plus valorisé je pense parce qu'en tout cas ce que je vois aujourd'hui c'est quand même, on a, même s'il y a encore du chemin à faire je pense pour la valorisation des expertises, parce que c'est un truc qui est très valorisé aux US, un peu moins en France encore, ça arrive mais on a encore du retard, mais je trouve qu'il y a quand même une vision du full stack un peu du coup, de la personne qui sait faire un peu tout qu'elle sait faire un peu tout mal et ça je trouve que c'est un peu dommage c'est mal comprendre, ce que ces gens-là ont apporté.

Bruno:
T'as évoqué tout à l'heure un peu une vision très agentique des choses entre le généraliste et l'expert. Comment est-ce que l'émergence de tous ces outils d'IA qu'on voit arriver partout, change l'impact que pourrait avoir un généraliste versus l'impact que peut avoir un expert ?

Mathieu:
Alors ça, c'est pour ta punchline. L'IA n'a rien à apporter à l'expert. Parce que l'expert, il sait tout dans son domaine. J'exagère, mais c'est un peu ça. Et donc, l'IA, c'est un sujet, je trouve, qu'on oublie un peu. C'est que l'IA générative, aujourd'hui, on n'arrête pas d'en parler comme outil pour faire. Et en fait, moi, je suis convaincu que la plus grande force de l'IA générative, ce n'est pas sa capacité à faire, c'est sa capacité à nous aider à comprendre, sa capacité à nous expliquer. Aujourd'hui, lui faire lire du code et lui dire, explique-le-moi, du coup, tu as du code compliqué. Et en fait, sa capacité à te l'expliquer plutôt bien, elle est folle. Et ça, On parlait tout à l'heure de... Et ça, je pense que c'est un énorme accélérateur. Moi, j'ai eu un exemple... Quand on s'était appelé l'autre fois, j'avais un exemple vraiment sous la main, tu vois. C'était... J'avais un fichier PDF. Je n'avais jamais regardé le format. Franchement, c'était pas évident d'aller comprendre ce qu'il y avait dedans. Et j'avais un fichier PDF où je ne comprenais pas pourquoi quand je calculais, tu vois, je calculais en fait la hache de deux fichiers PDF, c'était différent. Je ne comprenais pas pourquoi, tu vois. J'ai dit, c'est mon fichier PDF. Pourquoi il a changé ? il est passé par un autre système et tout. Et donc, je commençais à regarder un petit peu ce qu'il y avait sous le capot. Je ne comprenais rien, tu vois. Et en fait, en donnant ça à ChatGPT, il m'a expliqué les différents éléments, tu vois, avec pédagogie. Ça, ça représente ça, etc. Donc, effectivement, tu as un truc de versionning dans les fichiers PDF. Et en fait, moi, tout seul, comprendre ça, c'était des heures de doc ou l'accès à un expert, tu vois, dire à un expert ce que tu peux m'expliquer un petit peu pourquoi ce truc-là. Et en fait, là, du coup, j'en ai pas eu besoin. Et donc, je trouve que sur ce généraliste qui aiment beaucoup apprendre, qui aiment beaucoup explorer, Ça va beaucoup plus, peut-être j'exagère, mais ça va beaucoup plus donner des ailes à ce généraliste qui lui se nourrit de compréhension et qui avait avant beaucoup besoin de l'expert pour comprendre, mais il y a plein de cas où maintenant il n'a plus besoin de solliciter l'expert. Donc je le trouve assez folle pour ça. J'ai d'autres exemples en tête. On parlait de la séniorité qui se construit sur les années d'expérience. J'avais reçu quelqu'un, c'est pas un épisode qui n'est pas encore sorti, mais il est malware analyste. Donc ils analysent tu vois des des malwares donc des virus ce genre de choses, et en fait là dessus souvent c'est en assembleur ils les décompilent en assembleur vas-y comprendre de l'assembleur c'est pas évident tu vois et en fait leur expérience ce qu'elle leur apporte dans ces cas là c'est qu'ils reconnaissent donc des patterns comme je disais aux échecs tout à l'heure et ça je sais ce que c'est je sais ce que c'est et ils disent ah lui cette partie là du code elle est bizarre je vais passer du temps dessus et donc ils vont très vite sur cette partie là donc ils passent deux jours à nettoyer et ils trouvent le truc, en fait l'IA c'est pas ternes, elle peut te les trouver, elle dit ouais en fait ça je t'explique je t'explique ça je reconnais, je reconnais, je reconnais, donc te prends pas la tête avec ça, donc ça fait même gagner du temps à l'expert parce qu'il gagne quand même un ou deux jours mais toi tu gagnes trois ans tu vois, et après tu dis bah cette partie là peut-être elle va essayer de te l'expliquer mais comme elle l'a jamais vu alors peut-être je sous-estime tu vois mais comme elle l'a jamais vu ça peut-être pas être ouf mais par contre tu dis ok bah moi je vais passer du temps dessus donc l'expert il sera meilleur que toi quand même mais toi en, beaucoup moins de temps que trois ans à acquérir cette expertise, tu as réussi à centrer le truc important dans ton malware, par exemple.

Bruno:
Alors, j'aime beaucoup effectivement la phrase que l'IA n'a rien à apporter à l'expert, mais de la manière que le généraliste, du coup, a accès à du savoir et à l'expertise au travers de l'IA, ça veut dire que si on tire le trait, c'est qu'on peut devenir expert aussi grâce à l'IA.

Mathieu:
Ouais, je pense qu'il manque quand même le 10% de la fin un peu, tu vois. Il manque quand même un petit truc qui fait que tu ne seras jamais au niveau de l'expert. Par exemple, je pense qu'elle t'aide beaucoup à comprendre, elle t'aide beaucoup dans tes analyses. Donc, ce que je disais tout à l'heure, tu vas demander à l'expert de t'expliquer et après, tu prends ta décision. Mais à la fin, pour faire toi-même, c'est moins évident. Moi, je suis moins confiant aujourd'hui dans la capacité d'un tchat GPT à faire ce que je veux au niveau d'un expert.

Bruno:
Oui, mais en fait, ce que je veux dire, c'est que si le généraliste peut accéder à l'expertise au travers d'un tchat GPT, ça veut dire qu'un junior peut se former et devenir expert au travers d'un CHGPT.

Mathieu:
Oui ça je suis assez convaincu que en tant qu'outil de formation c'est hyper fort, après t'es limité quand même je pense, ça te donne l'accès à la connaissance après ta capacité à ingérer l'information, elle est pas accélérée tu vois c'est juste que t'as accès à l'information le temps que tu mets avant tu passais beaucoup de temps à chercher l'info à compiler les bonnes informations et puis à connecter voilà, et donc ça, à la fois donc il y a du temps perdu parce qu'il y a beaucoup de temps de recherche mais dans toute cette démarche là il y a quand même des connexions qui se font, il y a quand même des trucs qui fait que quand le chat GPT te donne la réponse 8 tu l'enregistres peut-être pas aussi bien donc je pense qu'elle t'aide à aller vite après est-ce que tu ingères vraiment le savoir qu'il te donne je pense que tu l'ingères moins vite donc tu vas pas en une semaine acquérir 3 ans d'expérience mais je pense quand même que du coup dans ces 3 ans d'expérience il y avait peut-être un an c'était, se coltiner de la doc des trucs etc, qui est peut-être vraiment du temps perdu, pas du temps perdu, du waste, en fait. Et du coup, tu vas gagner ce temps-là pour monter en compétence dessus.

Bruno:
On disait tout à l'heure que, le grade du généraliste se mesure sur sa capacité à faire des grands écarts, des grands écarts, non, justement, j'ai repassé tes ongles, à faire des grands écarts de plus en plus grands. Parce qu'il a vu de plus en plus de choses et du coup, il arrive à reproduire des patterns dans des contextes de plus en plus variés. Au final les LLM sont des outils qui ont été entraînés sur des contextes encore plus vastes que ce que toi et moi en cumulé ne serions capables d'ingérer dans une simple vie, est-ce que au final le LLM c'est pas au contraire le meilleur des généralistes, et qu'au final on a plus de chances en tant que généraliste d'être remplacé par un LLM que l'expert même si tu dis que l'IA n'a rien à apporter tu vois le...

Mathieu:
Je vois très bien ton point et je pense qu'il est hyper intéressant parce que ça rejoint ce qu'on disait tout à l'heure avec cette histoire de pattern qu'elle arrive à appliquer à d'autres domaines, de l'inférence de logique ou de pattern qu'elle applique à des choses. Si c'est un très bon point, en fait, le truc, c'est que finalement, à la fin, ce que fait le généraliste, c'est peser de l'information et prendre la décision. Et donc, À moins que tu délègues tes décisions à l'IA, parce que je sais pas si beaucoup de gens sont prêts à faire, tu vois, mais peut-être. Là, effectivement, peut-être le généraliste, il est remplacé. On est trois experts, on vient donner nos trucs à l'IA, et l'IA va nous dire quel est le meilleur, et peut-être elle le fera bien, je sais pas.

Bruno:
— Parce qu'en fait, ce que tu décris, sur cette capacité à prendre de l'information et prendre une décision, c'est vraiment ce que fait le LLM, c'est qu'il prend tous les mots que t'as eus avant, et il choisit le mot d'après. Et au final, quand tu prends le fonctionnement d'un LLM, le LLM n'a pas de savoir.

Mathieu:
Tu peux.

Bruno:
Pas lui demander ses sources il va pas te dire bah ça je le sais parce que ça vient de tel endroit il a pas cette en tant que tel il a pas de savoir.

Mathieu:
Qui.

Bruno:
Est pourtant la force de l'expert tu vois.

Mathieu:
Je sais pas s'il a pas de savoir en fait c'est compliqué cette histoire du savoir parce qu'effectivement on se dit qu'il a pas de savoir mais il a quand même pour moi le LLM c'est quand même une grosse compression de l'information tu vois il y a quand même un petit aspect comme ça où il a compressé quand même de l'information il n'y a pas que oui c'est un modèle probabiliste mais il y a quand même ce truc de dire quand tu fais un rag, quand tu prends un document mais.

Bruno:
Là c'est pas pareil, là tu prends un cas du rag qui est un cas différent où du coup t'as une base de données t'as une source d'informations et du coup là ton rag il est capable de dire mon information elle vient de là, mais en fait, dans le rag il te fait de la mise en forme d'un contexte si tu vas voir un expert Java et tu lui dis c'est quoi la, meilleure version de Java pour faire tel truc, il va te dire c'est telle version et si tu demandes pourquoi, il faudra te dire parce qu'en fait moi j'ai vu que dans tel contexte alors que ton LLM, si tu lui demandes pourquoi, il n'aura pas une réponse factuelle, précise de parce qu'à tel endroit, on a vu que...

Mathieu:
Elle pourrait être fausse, tu vois, mais elle pourrait être juste aussi. C'est-à-dire qu'en fait, globalement, moi, je l'utilise par exemple pour du code, un truc généraliste comme chez GPT, même pas un truc, tu vois, spécifiquement entraîné pour du code. Et en fait, il donne quand même plein de réponses qui sont bonnes, qui me donnent les bonnes directions et tout. Donc oui, après, c'est un autre débat sur se méfier de la qualité des réponses de l'IA, mais il arrive quand même à te guider dans la bonne direction il me semble.

Bruno:
Mais en fait, on pourrait aussi le prendre d'un point de vue autre qui est de se dire, quand tu vas générer ton code avec ton chat GPT, ton compilot, en gros, tu lui dis, moi, je veux faire une fonction qui fait ça. Et en fait, ton chat GPT, il a tous les experts dev du monde qui lui ont montré comment c'était fait et qui lui va dire, en fait, moi qui suis généraliste et qui vu comment c'est fait dans toutes les situations, je sais que la meilleure option, c'est celle-là. Donc, en fait, tu vois, il a plus un travail de généraliste au final, d'aller ingérer toutes ces infos et de te dire, du coup, la meilleure solution, plutôt qu'un travail d'expert.

Mathieu:
Ouais mais tu vois du coup a priori son travail de généraliste n'est pas bien fait puisqu'aujourd'hui on fait des systèmes avec des agents où on spécialise plein de trucs et puis après on met un espèce de, spécialiste de la génération par dessus on reproduit le schéma qu'on décrivait tout à l'heure humain avec un généraliste qui coordonne plein de donc au final ce qu'il va remplacer, le généraliste l'expert je pense pour l'instant j'espère qu'il a prévu de remplacer personne mais voilà c'est pas, moi je pense qu'il te donne c'est vraiment ce que je te dis au début, moi je te dis, il donne ce pouvoir de compréhension et d'accès à la connaissance qui est difficile, vraiment d'accès, c'est ça que je vois. Dans l'autre sens, où il te dit, j'ai vu plein de choses et voilà la meilleure solution, je suis... Je n'en sais rien, je suis sceptique en fait.

Bruno:
En dernière question, je reprends un point qui est monté dans le chat et je trouve la formulation pas mal. Si expertise et expérience sont à la même racine, c'est peut-être pas pour rien.

Mathieu:
Oui, ça fait longtemps que je n'ai pas fait de latin. J'imagine que ça vient d'un mot commun, mais oui, c'est sûr. L'expertise, je pense que l'expertise ne s'acquiert pas sans expérience. C'est pour ça que expert IA aujourd'hui, expert chat GPT ou ces trucs-là, ce n'est quand même pas évident.

Bruno:
Effectivement, ça existe depuis peu de temps. Mais on peut se dire que si ça fait 3 ans ou 4 ans que tu fais de l'IA, en fait, tu es plus expert que tous les autres. parce qu'en fait t'as passé plus de temps que pas mal de gens il.

Mathieu:
Y a une notion relative dans l'expertise, il y a une notion de t'es l'expert parce que t'as plus de recul que 99% des gens un peu ça.

Bruno:
L'expertise est relative, t'es pas expert.

Mathieu:
De manière absolue tu connais l'expression au pays des aveugles les bornes sont rois, bah voilà tu vas être l'expert dans la salle si tout le monde est moins bon que toi ça sera toi l'expert et peut-être qu'en fait dans un autre groupe tu serais le junior.

Bruno:
Mais la leçon c'est que si ça t'arrive il faut changer de salle.

Mathieu:
C'est ça la solution normalement si tu es l'expert j'exagère, bref, il y a d'autres trucs à apprendre que juste la tech et l'expertise merci.

Bruno:
Beaucoup Mathieu pour cette discussion j'aurais deux dernières questions pour toi, des questions rituelles du podcast avant de terminer, la première c'est est-ce qu'il y a un contenu que tu souhaiterais partager avec l'ensemble des auditeuristes ?

Mathieu:
C'est une question très difficile parce que comme je suis généraliste je regarde plein de trucs, donc j'ai pas réussi à choisir un, donc j'en ai deux si tu m'autorises. Le premier, c'est un bouquin qui, on va rester dans la cybersécurité, qui s'appelle « This is how they tell me the world ends », je sais pas si tu le connais, de Nicole Pellroth, qui a été Business Books of the Year en 2000, je sais pas combien, et qui a été vraiment, qui décrit l'évolution du marché noir des cyberarmes. Donc, flippant mais hyper intéressant et vraiment très très bien documenté t'as vraiment toute l'histoire de il y a une course à l'armement là-dessus et des hackers qui ont gagné beaucoup d'argent en vendant des failles à des gouvernements pas toujours, très bien intentionnés mais hyper intéressant donc ça je recommande un livre et alors du coup j'écoute beaucoup de podcasts dont le tien et là j'en ai un que j'ai pas encore écouté en entier mais qui m'est tombé sous le coude et qui a l'air incroyable, il s'appelle Kill List donc en deux mots, c'est Wondery donc ils sont connus en France pour avoir fait guerre de business en français c'est business. Et en fait l'histoire t'as je crois 20 épisodes et ça part, donc c'est une histoire vraie ça part d'une histoire, c'est un, un informaticien, on va dire un hacker qui va sur le darknet regarder un peu ce qui se passe et il tombe sur un site, de, attention c'est âme sensible s'accrocher, mais il va sur un site où en fait c'est des murder for ailleurs en fait des... Donc tu peux embaucher quelqu'un pour tuer quelqu'un d'autre. Et donc il se dit c'est une scam en fait, c'est une arnaque. Ça n'existe pas ces trucs-là. Et il découvre une faille dans le site qui lui permet d'avoir accès à toute la data. Et donc il a accès à tous les profils des gens dont quelqu'un a commandité le meurtre. Évidemment ce qui se passe c'est qu'effectivement c'est une scam il y a des gens qui dépensent de l'argent quand même mais lui il découvre en fait qu'il y a des gens qui meurent quand même vraiment, et il commence à remonter ça à la police sauf que ça prend trop de temps et en fait lui est un journaliste il commence à appeler les gens en disant il y a quelqu'un donc tu vois si tu as, si t'as beaucoup d'illusions sur la nature humaine c'est un peu faut s'accrocher parce que c'est quand même pas, ça peut te déprimer et tout c'est un peu horrible mais c'est intéressant tu vois d'un point de vue un peu tech et puis un peu l'ascam, enfin bref je trouve ça un peu fascinant donc voilà, un podcast j'écoutais que 3 épisodes pour l'instant.

Bruno:
Super intéressant en tout cas on mettra le lien en description bien évidemment je me permettrai d'ajouter un lien vers ton podcast Tronche de texte parce que c'est un excellent podcast, et que j'invite effectivement tout le monde à écouter bien évidemment dernière question qui est la question la plus importante de ce podcast est-ce que tu es plutôt espace ou tabulation ?

Mathieu:
J'ai réfléchi à chaque fois que je t'écoute et alors du coup je suis arrivé quand même à une conclusion qui est vraiment un raisonnement logique. Je me suis dit, non, mais il n'y a pas de table sans espace. Donc, pour moi, je suis espace.

Bruno:
OK, très bien. Merci beaucoup, Mathieu.

Mathieu:
Je t'en prie, Bruno. Merci à toi.

Bruno:
Et merci à tous d'avoir suivi cette discussion. Voilà, j'espère qu'on vous a peut-être donné envie d'une nouvelle vocation de carrière, de devenir expert de rien, même si ça peut paraître comme un privilège. C'est en tout cas une belle carrière, cette carrière de généraliste, qui permet de s'intéresser à énormément de sujets et de se centrer sur cette résolution de problème, au final, quel qu'il soit, et d'aller chercher des problèmes toujours plus différents, variés et intéressants. Je vous remercie, comme toujours, de partager ce podcast autour de vous. N'hésitez pas à aller faire un tour sur le Tipeee si vous voulez soutenir ce podcast pour l'aider aussi à continuer et à prospérer. Je vous remercie beaucoup, je vous souhaite une très bonne fin de semaine. Je vous dis à la semaine prochaine, et d'ici là, codez bien !